Probiotiques en prévention de l’infection à Clostridium : nouvelle méta-analyse
- Johnston BC & al.
- Infect Control Hosp Epidemiol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Les probiotiques réduiraient le risque de développer une infection par Clostridium difficile (ICD) liée à une antibiothérapie de plus de 60%, selon la méta-analyse parue dans Infection Control & Hospital Epidemiology.
- L’originalité de ce travail est d’avoir été conduit à partir des données individuelles des participants issus de 18 des 32 études cliniques randomisées sélectionnées, soit plus de 6.000 patients. Cela a permis d’évaluer l’efficacité des probiotiques selon le risque d’infection initial et la situation clinique. Ainsi, l’efficacité des probiotiques serait plus importante quand le risque d’infection à l’inclusion est modéré à élevé. Par ailleurs, les formulations combinant plusieurs probiotiques seraient plus efficaces que celles n’en contenant qu’un ; l’explication tiendrait à un effet additif ou aux posologies mises en œuvre, globalement plus élevées dans les formulations combinées. Ce point n’avait pas été souligné par les méta-analyses conduites par agrégation des données.
- En conclusion, le niveau de preuve serait de qualité modérée mais permet d’avancer que les probiotiques préviendraient les ICD, notamment chez les participants hospitalisés prenant au moins deux antibiotiques et ceux présentant un risque d’infection au moins égal à 5%.
Pourquoi est-ce important?
La méta-analyse la plus récente conduite sur le sujet après agrégation des données décrit que les probiotiques peuvent réduire le risque de développer une ICD, mais son résultat, incluant notamment un récent essai randomisé de grande envergure (n=2.914) était lié à des preuves de qualité moyenne. Aussi, les recommandations concernant la prévention des ICD par probiotiques restent incertaines. Afin d’affiner le niveau de preuve sur le sujet, cette étude a été conduite après récupération des données individuelles des participants inclus dans les essais utilisés dans la méta-analyse.
Principaux résultats
- Parmi les 6.851 patients inclus dans la méta-analyse, 120 ont développé une ICD, dont 82 dans le groupe contrôle et 38 dans le groupe traité par probiotiques.
- L’usage des probiotiques a permis de réduire le risque de développer une ICD : l’odds ratio (OR) était statistiquement significatif avant et après ajustement (0,37 [0,25-0,55] et 0,35 [0,23-0,55] respectivement, p<0,0001 dans les deux cas).
- Le nombre d’antibiotiques mis en œuvre influençait le résultat, avec un odds ratio associé au risque d’ICD de 2,20 en cas de prise de 2 antibiotiques ou plus ; les autres facteurs d’ajustement n’avaient pas d’influence. Un risque initial d’ICD de 5% ou plus était associé à un OR ajusté de 16,33 [7,79-34,26], p<0,0001).
- La composition en probiotiques influençait également le résultat : ainsi, les préparations regroupant plusieurs probiotiques avaient une efficacité supérieure à l’absence de traitement (OR : 0,33) tandis que celles n’utilisant qu’un seul probiotique n’étaient pas statistiquement plus efficaces que l’absence de traitement.
- L’odds ratio associé aux évènements secondaires (613 notifications) était identique dans les groupes probiotiques ou contrôle, avant ou après ajustement.
Méthodologie
- Tous les essais cliniques randomisés publiés jusqu’en avril 2016 sur la prévention de l’ICD par probiotiques chez l’adulte ou chez l’enfant ont été inclus dans cette analyse.
- Au total, les auteurs ont récupéré les données individuelles des patients issus de 18 des 32 essais cliniques éligibles à l’analyse, soit 6.851 des 8.713 sujets. L’analyse ajustée (selon l’âge, le sexe, l’hospitalisation, le nombre d’antibiotiques et la prise d’antibiotiques à risque) a été conduite à partir de 5.074 patients. Onze formulations différentes ont été testées à des posologies allant de 0,1 à 900 milliards d’UFC par jour.
Limitations
- Le modèle ajusté n’a pas pu être conduit sur 14 des 32 essais éligibles, par absence de données individuelles.
- Les données étaient insuffisantes pour conduire une analyse selon le type d’antibiotiques ou la durée du traitement.
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