Prise en charge médicale durant la dernière année de vie des sujets souffrant de cancer colorectal en France
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
Une étude française menée durant la dernière année de vie de sujets souffrant de cancer colorectal (CCR) permet de mieux comprendre l’usage des soins de santé dans cette période critique. Cette étude met en évidence le recours important aux soins médicaux durant la dernière année de vie, et plus spécifiquement aux services d’urgence et de soins intensifs durant le dernier mois de vie. La prise en charge est par ailleurs encore très largement centrée sur l’hôpital. Ces analyses montrent également que l’usage de soins palliatifs précoces a un impact positif sur la qualité de fin de vie des patients, et qu’il est associé à une diminution de l’intensité du recours à des soins médicaux agressifs.
Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?
En France, le plan national pour le développement des soins palliatifs de fin de vie et des soins de supports 2015-2018 était axé sur quatre domaines : informer les patients de leurs droits et assurer des soins personnalisés ; développer des soins palliatifs en ville ; remédier aux disparités régionales d’accès au service de soins palliatifs et améliorer les compétences des professionnels de santé dans ce domaine. Peu de données existent permettant de juger de la prise en charge médicale en fin de vie. D’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
Ces données sont issues du Système National des Données de Santé (SNDS), du registre des Affections de Longue Durée (ALD), de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) et du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI).
Principaux résultats
Au total, 15.361 individus décédés suite à un CCR en 2015 ou ayant eu une prise en charge pour CCR actif durant l’année 2014-2015 ont été inclus. L’âge moyen était de 75 ans, 44% étaient des femmes. Parmi ces sujets, 66% sont décédés suite à un court séjour hospitalier, 9% sont décédés en hospitalisation à domicile, 4% en unité de réhabilitation, 6% en EHPAD et 15% sont décédés au domicile. Globalement, les sujets qui décédaient lors d’un court séjour hospitalier ou en unité de réhabilitation étaient les plus jeunes (73 ans en moyenne), et ceux qui décédaient en EHPAD les plus âgés (86 ans en moyenne). Au moins un autre cancer actif ou un cancer en surveillance était présent chez un tiers de la population. Environ la moitié des sujets présentaient des comorbidités cardiovasculaires, 22% un diabète, 21% une maladie respiratoire chronique et 13% une maladie neurologique ou neurodégénérative.
L’année précédant le décès, 98% de la population avaient été hospitalisés en court séjour hospitalier, 27% en unité de réanimation, 11% en hospitalisation à domicile et 10% en EHPAD. Et durant le dernier mois de vie, 83% ont été admis au moins une fois pour un court séjour hospitalier, 39% ont eu au moins une admission au service d’urgence, 17% en unité de soins intensifs, 15% ont reçu au moins une chimiothérapie et 5% une chimiothérapie orale. La durée moyenne annuelle de séjour hospitalier était de 71 jours.
Soixante pourcents des sujets avaient reçus des soins palliatifs dans l’année précédant le décès ou au moment du décès. Ces patients étaient globalement plus jeunes et présentaient moins de comorbidités que les autres. Au total, 88% des patients ayant reçu des soins palliatifs ont eu un court séjour hospitalier dans le dernier mois de vie contre 75% de ceux qui n’en n’avaient pas reçu. Enfin, la principale cause de décès était le cancer pour 84% des sujets et les dépenses de santé moyennes par personne ont été valorisées à 43.000 euros pour cette dernière année de vie.
Principales limitations
Il est probable que les soins palliatifs aient été sous-estimés, car cette étude ne tenait pas compte des pratiques de soins palliatifs en secteur privé ou en EHPAD.
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