PRIMO 2019 : données nationales de la résistance bactérienne en milieu extra-hospitalier
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
La ville et le secteur médico-social représentent 93% du volume global d’antibiotiques consommés en France et constituent donc un enjeu majeur dans la lutte contre l’antibiorésistance. La mission PRIMO suit annuellement l’évolution de la résistance de trois espèces bactériennes d’intérêt : E. coli, K. pneumoniae, et S. aureus. Les données 2019 viennent d’être publiées, à partir des antibiogrammes collectés par un réseau de 1.016 laboratoires d’analyse de biologie médicale (LBM) répartis en France métropolitaine. Elles montrent certaines évolutions intéressantes, comme la diminution de la résistance aux fluoroquinolones, même si la consommation antibiotique en France reste supérieure de 30% à la moyenne européenne. Des efforts de formation, information et sensibilisation doivent être poursuivis pour continuer à améliorer l’existant.
Principaux résultats
Un total de 487.835 antibiogrammes d’E. coli issues de prélèvement urinaire ont été collectés dont 91,2% provenaient de patients vivants à domicile. Parmi eux, 3,4% et 9,9% ont révélé une résistance aux céphalosporines de troisième génération (C3G) chez les patients vivant respectivement à domicile ou en Ehpad (3,0% et 8,7% par production de béta-lactamases à spectre élargi ou BLSE). La résistance aux fluoroquinolones (FQ) avait parallèlement diminué en Ehpad (de 26 à 19,1% entre 2015 et 2019), et s’était stabilisée en ville (à 11,4%, contre 11,0 % en 2018).
Concernant K. pneumoniae issus de prélèvement urinaires, l’analyse de 46.763 antibiogrammes (dont 86,9% provenaient de patients à domicile) montre que 11,0% et 20,2% des souches sont résistantes aux FQ chez les patients de ville et d’Ehpad respectivement. Celle de la résistance aux C3G est de 8,0% et 17,0% respectivement, avec 7,7% et 15,7% de souches productrices de BLSE. Ces chiffres étaient globalement stables depuis 2018 concernant les patients de ville. En Ehpad, la tendance est à la diminution pour la résistance aux FQ, avec 25,5% en 2018, mais le pourcentage de celles productrices de BLSE semblait avoir progressé de 16,4% à 19,4%.
Enfin, concernant S. aureus hors prélèvements urinaires (n=23.537, dont 87,9% provenant de patients vivants à domicile), les souches résistantes à la méticilline (SARM) semblaient stables (9,3% vs 9,5% en 2012). Concernant les patients en Ehpad, la proportion de SARM a été de 36,4%, un chiffre globalement stable depuis 2014. La bactériurie à S. aureus est rare (0,8 à 4,3%) et associée le plus souvent à une colonisation asymptomatique.
L’analyse montre une importante hétérogénéité des chiffres d’une région à l’autre. Les auteurs suggèrent de mettre en regard ces données à celles des consommations d’antibiotiques en ville afin de mieux comprendre les variations observées et analyser les politiques territoriales de prévention de l’antibiorésistance. Leur homogénéisation à l’échelle nationale permettrait probablement de réduire les écarts observés.
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