Prévention des hémorragies post-partum : oxytocine IV ou IM ?

  • Adnan N & al.
  • BMJ

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Même si la mortalité maternelle par hémorragie obstétricale a diminué en France, elle reste la première cause de décès maternel (16%) et surtout la plus évitable (80%)1. L’oxytocine est un agent utérotonique très utilisé lors de la phase de délivrance. Les résultats de cette étude montrent que par rapport à l’administration d’une forme IM, l’oxytocine sous forme IV ne modifierait pas l’incidence des hémorragies post-partum (≥500 mL) mais réduirait significativement le risque d’hémorragies post-partum sévères (≥1.000mL), ainsi que le risque de transfusion sanguine et d’admission en unité de soins intensifs par rapport à la forme IM. En revanche, la fréquence des effets indésirables serait similaire. 

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Bien que l’utilisation de traitements utérotoniques tel que l’oxytocine durant la phase de délivrance soit une pratique courante, des questions subsistent sur sa voie d’administration. Les recommandations du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)1, préconisent l’utilisation de 5 ou 10 UI d’oxytocine par voie IV ou IM (accord professionnel), avec une administration lente si la forme IV est choisie, sur une minute environ dans la majorité des cas et plus de cinq minutes en cas de risque cardiovasculaire. L’effet de l’oxytocine intramusculaire survient en 3 à 7 minutes et persiste 30 à 60 minutes, alors que l’effet de l’injection intraveineuse est quasi-instantané et atteint un plateau de concentration en 30 min. Des données de la littérature montrent que l’oxytocine IV est associée à une augmentation des effets indésirable cardiovasculaires dont la tachycardie et l’hypotension. Cette étude apporte des données complémentaires sur la balance bénéfices/risques d’une voie par rapport à l’autre.

Méthodologie

Étude randomisée, en double aveugle versus placebo. Au total 1.075 femmes de 18 ans et plus dont la grossesse unique arrivait à terme et qui devaient recevoir de l’oxytocine lors de la 3période de l’accouchement pour une délivrance dirigée ont été incluses. Elles ont reçu soit de l’oxytocine (10 UI, 1mL) lentement sur une minute, ou un placebo en injection intramusculaire ou un bolus intramusculaire d’oxytocine (10 UI, 1mL) et un placebo par voie injectable. 

Principaux résultats

Au total 1.075 femmes ont été randomisées et 1.035 (96,3%) incluses pour les analyses primaires et secondaires (517 dans le bras ocytocine IV et 518 dans le bras oxytocine IM). Environ 30% avaient 35 ans et plus, 12% étaient obèses et environ la moitié nullipares.

L’incidence des hémorragies post-partum (perte de sang ≥500 mL) n’était pas significativement différente entre le bras ocytocine IV et IM (respectivement 18,8% vs 23,2%, soit un odds ratio ajusté (ORa) 0,75 [0,55-1,03]). L’incidence des hémorragies post-partum graves étaient en revanche significativement plus faible dans le bras IV (4,6% vs 8,1%, soit un ORa 0,54 [0,32-0,91]) tout comme la nécessité d’une transfusion sanguine (OR 0,31 [0,13-0,70]), et l’admission en unité de soins intensifs (ORa 0,44 [0,20-0,98]).

L’incidence des effets indésirables était assez similaire entre les deux groupes (4,1% dans le bras IV versus 5,2% dans le bras IM, OR 0,75 [0,42-1,35]). Les principaux effets indésirables étaient l’hypotension et la tachycardie. Aucun événement indésirable grave lié au traitement n’est survenu.

Principales limitations

Étude monocentrique.