Prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées : un besoin de structuration institutionnelle

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

La Cour des Comptes a consacré un rapport à la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées. Elle part d’un double constat. D’une part, en France, l’espérance de vie à 65 ans (23,7 années pour les femmes, 19,6 pour les hommes), est plus longue que dans les autres pays européens, mais avec seulement la moitié des années espérées en bonne santé, alors que onze autres pays font mieux. D’autre part, l’intérêt d’améliorer cette situation est aussi financier : la Cour a calculé qu’un gain d’un an d’espérance de vie sans incapacité (EVSI) ferait économiser au minimum 1,5 Md€ dans les dépenses de l’assurance maladie, bien qu’on ne sache pas évaluer avec précision les sommes engagées pour la prévention.

Un premier obstacle est le nombre des acteurs impliqués : conseils départementaux, caisses de retraite, Agences régionales de santé, caisses primaires d’assurance maladie, Agence nationale de l’habitat, communes et établissements de coopération intercommunale, conseils régionaux, bailleurs sociaux, mutuelles, associations, etc. La Cour note que l’ensemble est « foisonnant, administrativement complexe et désordonné dans sa progression », malgré la loi du 28 décembre 2005 qui a institué des « conférences des financeurs. » Le résultat est que les usagers sont souvent confrontés à une multiplicité d’interlocuteurs, avec des dispositifs redondants pour un même service.

La Cour note que les mesures à prendre sont consensuelles, mais bien mal mises en œuvre. Ainsi la prescription médicale d’activité physique adaptée est peu utilisée, les accidents iatrogéniques fréquents, les domiciles pas assez souvent aménagés, le suivi à domicile peu effectué, la lutte contre l’isolement des personnes âgées peu effective et la « sensibilisation des professionnels de santé au dépistage des pathologies du grand âge et aux techniques de maintien des capacités fonctionnelles » seulement esquissée.

La Cour formule plusieurs recommandations pour pallier à ces défauts. Surtout, elle propose de « construire une offre graduée de services » en trois niveaux :

  • Information générale de la population par des campagnes de communication articulant niveaux national et locaux et par la création d’une plateforme téléphonique dédiée ;

  • Politique « d’aller vers » avec visite à domicile par des professionnels formés aux problématiques de prévention ;

  • Plans d’aide pour les personnes les plus précaires socialement ou isolées.

Pour elle, il est nécessaire de clarifier le rôle des acteurs impliqués, notamment en plaçant le département en « chef de file, responsable de la politique de prévention sur son territoire », en lien avec l’Agence régionale de santé et la Caisse d’assurance retraite et de santé au travail. Enfin elle estime que la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) doit pouvoir « moduler les crédits qu’elle verse aux départements » dans un objectif d’équité territoriale, et être dotée de ressources suffisantes pour mener à bien ses missions.