Prévention de la lombalgie chronique : des campagnes d’information efficaces


  • Serge Cannasse
  • Actualités socio-professionnelles
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Depuis 2017, la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) organise des campagnes d’information du public sur la lombalgie autour du thème « Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement. » En s’appuyant sur un sous-échantillon aléatoire de 2.739 personnes issu du Baromètre de Santé Publique France 2019 (enquête téléphonique), des chercheurs ont analysé les données disponibles pour identifier les facteurs associés à l’adhésion aux recommanda­tions pour la prévention de la lombalgie chronique dans la population française.

Globalement, les campagnes sont efficaces, mais les auteurs préconisent de mener des campagnes plus ciblées, notamment selon la catégorie socio-professionnelle et le niveau de littératie des publics.

Trois questions portant sur la lombalgie étaient posées aux personnes enquêtées :

  • Avez-vous eu connaissance de la campagne de prévention de la lombalgie (c’est-à-dire du mal de dos) menée par l’Assurance maladie, diffusée à plusieurs reprises depuis novembre 2017 ? (Mémorisation) 

  • Par quels moyens avez-vous eu connaissance de cette campagne de prévention de la lombalgie ? (si la personne enquêtée en a effectivement eu connaissance)

  • Êtes-vous d’accord avec la proposition suivante : lorsqu’on a une lombalgie, le maintien de son activité physique (professionnelle ou autre) est préférable au repos ? Cette dernière question était le critère principal de l’étude.

Environ un quart de la population (n=716) se souve­nait avoir eu connaissance de la campagne : deux tiers par la télévision, un quart par un « autre moyen » et un quart par plusieurs moyens. La majorité (81%) des personnes était « tout à fait » ou « plutôt » d’accord avec les recommandations.

Résultats 

Les personnes ayant mémorisé la campagne avaient plus de chance d’adhérer aux recomman­dations de prévention de la lombalgie chronique (OR ajusté 1,32 [1,00-­1,74]), résultat à la limite de la significativité (p = 0,052). Plus les personnes avançaient en âge, plus elles étaient d’accord avec la proposition de la troisième question. En revanche, les personnes très fortement limitées dans les activités courantes, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, les profes­sions intermédiaires et les ouvriers (vs les cadres et professions intellectuelles supérieures), adhéraient significativement moins bien aux recommandations. Il en allait de même pour les employés, les inactifs et les retraités, de façon proche de la significativité statis­tique. 

Ces résultats sont en accord avec ceux d’une enquête antérieure menée par la CNAM et avec plusieurs travaux étrangers. Il semble donc intéressant de mener des campagnes plus ciblées, d’autant que les ouvriers et employés, qui adhèrent moins bien aux recommandations, sont aussi ceux qui sont le plus exposés au risque de lombalgie d’origine professionnelle.

Limites

Cependant, les auteurs reconnaissent plusieurs limites à leur travail. En particulier, l’étude ne permet pas de savoir si les membres de ces catégories socioprofessionnelles sont en désaccord avec les recommandations ou si elles sont mal informées. D’une manière générale, les niveaux de littératie des enquêtés ne sont pas renseignés, alors qu’il est important d’adapter les messages en fonction de ces niveaux.