Pression artérielle et risque de démence : une méta-analyse fait le point

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Une méta-analyse a compilé les données individuelles de près de 30.000 patients âgés issues de cinq grandes études cliniques ayant évalué leur pronostic cognitif sous antihypertenseur ou placebo. Ses résultats confirment le bénéfice de ce traitement sur la prévention de la démence et l’existence d’une relation linéaire entre la baisse de PA et celle du risque de démence.
  • Aucune relation en U n’a été observée concernant le risque de démence et les valeurs de pression artérielle chez les sujets âgés inclus dans cette méta-analyse. 
  • Ces analyses fournissent des preuves de classe I en faveur du bénéfice du traitement antihypertenseur chez des sujets d’âge moyen 69 ans sur le risque de démence incidente, versus placebo.

Pourquoi est-ce important ?

Les données les plus récentes sur le sujet, et notamment une large méta-analyse, suggèrent qu’il existe une relation en U entre la pression artérielle et la démence chez les personnes les plus âgées (âge >80 ans). Cependant, des essais comparant un traitement antihypertenseur à un groupe placebo sur le risque ultérieur de démence n’est pas acceptable sur le plan éthique. Et les méta-analyses sont menées sur les données poolées globalement et, de fait, peinent à conclure précisément sur la question. Une méta-analyse sur données individuelles permet de pallier ces difficultés. L’objectif de cette étude était ainsi de compiler les données de cinq essais randomisés importants qui ont été conduits sur le sujet versus placebo.

Méthodologie

L’étude a compilé cinq larges essais randomisés multicentriques qui avaient tous inclus plus de 2.000 participants : HYVET (Hypertension in the Very Elderly, SYST-EUR (SYSTolic Hypertension in EURope trial), PROGRESS (Perindopril Protection Against Recurrent Stroke Study), ADVANCE (Action in Diabetes and Vascular disease : preterAx and diamicroN-MR Controlled Evaluation), SHEP (Systolic Hypertension in the Elderly Program). Chaque essai avait évalué prospectivement la survenue de déclin cognitif au cours du suivi à partir de l’évolution de leur score MMSE.

Principaux résultats

Au total, 28.008 sujets (âge moyen 69,1 ans, 46,8% de femmes) ont été inclus dans l’analyse, avec une médiane de suivi de 4,3 ans. À l’inclusion, les valeurs de pression artérielle systolique et diastolique  PAS/PAD étaient de 155,8/ 82,9 mmHg. Les scores MMSE moyens au début de l'étude étaient similaires dans les groupes actif et placebo (27,9 dans les deux cas).

À 12 mois, la différence moyenne de PAS et de PAD entre les groupes placebo et antihypertenseur était de 9,6 et 3,7 mmHg respectivement. À 2 ans, elles étaient respectivement de 10,8 et 5,2 mmHg. Au cours de ce suivi, une démence a été diagnostiquée chez 2,9% et 3,3% des sujets sous antihypertenseurs et sous placebo, respectivement.

Selon la régression logistique multivariée, un traitement antihypertenseur réduit le risque d’avoir une  démence (ORa 0,87 [0,75-0,99]). Aucune tendance claire n’a été mise en évidence en analysant les résultats selon les quartiles de valeurs de la pression artérielle systolique à l’inclusion. Il n'y avait pas non plus de différences d'effet selon l'âge du participant, son sexe ou les antécédents d’AVC.

Une analyse de médiation a confirmé que la réduction du risque de démence était attribuable à la baisse de la PA par le traitement. Ainsi, elle a permis d'attribuer 53% de la différence de démence observée entre le groupe traité et contrôle à l'effet de la PAS plutôt qu'à d'autres aspects spécifiques du patient.