Presque tous les patients en fin de vie approuvent la loi Clayes-Léonetti
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
À retenir :
- Une équipe marseillaise a réalisé la première étude française auprès de patients en soins palliatifs sur la fin de vie.
- Ces patients sont très majoritairement favorables à la loi Clayes-Léonetti.
- Ils sont moins favorables à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté que la population générale, mais plus que les soignants en soins palliatifs.
- Le principal facteur influençant leur opinion est la croyance en Dieu.
Contexte
De nombreux débats ont accompagné le vote de la loi Clayes-Léonetti (février 2016) légalisant la sédation profonde et continue pour les patients en fin de vie. Il s’agissait notamment de décider si l’euthanasie et le suicide assisté pouvaient être autorisés sous certaines conditions. Ces débats ne sont pas clos et sont souvent relancés par des enquêtes d’opinion. Une équipe de l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille a constaté qu’en France, aucune d’elles ne s’était intéressée aux premiers concernés, les patients en soins palliatifs. Pour y remédier, ils ont mené une étude nationale, prospective et multicentrique 1, conduite entre 2016 et 2020.
Méthodologie
Le critère de sélection des patients était d’avoir un cancer localisé avancé ou métastatique requérant des soins palliatifs prodigués dans un service hospitalier dédié ou par une équipe spécialisée à l’hôpital ou à domicile. Sur les 410 patients sollicités, 331 ont répondu positivement. Parmi ces derniers, l’âge moyen était de 66 ans (de 21 à 94 ans) et 51,4% (n=170) étaient des femmes.
Résultats
La grande majorité (89,7% ; n=297) approuvait la légalisation de la sédation profonde et continue en cas de douleur incoercible, 65,6% (n=217) en cas de souffrance psychologique sans douleur physique et 82,2% (n=274) en cas de demande d’un patient ayant décidé d’arrêter les soins de maintien en vie. De plus, 73% (n=244) approuvaient la décision médicale éventuelle de cette sédation chez des patients qui ne sont pas en mesure d’exprimer leur volonté et dont les soins de maintien en vie ont été arrêtés.
En ce qui concerne la légalisation du suicide assisté (par un médecin), 48,6% (n=161) des enquêtés l’approuvaient, 27,2% (n=90) s’y opposaient et 21,5% (n=80) n’avaient pas d’avis. Enfin 52% (n=172) étaient en faveur de la légalisation de l’euthanasie et 22% (n=73) n’avaient pas d’opinion sur le sujet. Si cette légalisation était votée, 42% des patients interrogés ont déclaré qu’ils l’envisageraient pour eux-mêmes.
De manière remarquable, un seul facteur influençait l’opinion des patients dans cette étude : ceux qui croient en Dieu avaient moins tendance à approuver le suicide assisté et l’euthanasie. Les autres facteurs étudiés (intensité de la douleur, anxiété, lieu du cancer, traitements administrés, état général, niveau d’éducation et durée de la maladie) n’étaient pas significatifs. Cependant les auteurs reconnaissent que « la croyance en Dieu » est une notion vague, qui demanderait à être explorée dans d’autres études.
Limites
Ils soulignent quelques limites à leur travail. Les patients interrogés souffraient de cancers, il est possible que les résultats diffèrent pour d’autres pathologies. L’aggravation de leur santé peut aussi modifier les résultats. L’enquête n’a pas porté sur des patients non pris en charge en soins palliatifs. Enfin la formulation des questions a pu influencer les réponses des enquêtés.
Conclusions
Quoiqu’il en soit, en comparant leur travail avec d’autres enquêtes menées sur le sujet chez d’autres publics, les auteurs constatent que les patients en fin de vie sont majoritairement moins favorables à l’euthanasie et au suicide assisté que la population générale, mais plus favorables que les spécialistes des soins palliatifs. Le premier auteur de l’étude, Sébastien Salas, ajoute 2 que « lorsque des soins de qualité sont mis en place et prodigués, les demandes de suicide assisté ou d’euthanasie sont beaucoup moins fréquentes en cancérologie ». Enfin, la conclusion générale de ce travail est que « de manière globale, la loi Claeys-Leonetti répond de manière adéquate aux attentes et aux souhaits des patients ».
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