Premières évaluations du risque absolu et relatif de décès liés au COVID-19

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon les données analysées à la date du 4 avril 2020, le risque absolu de décès lié au COVID-19 chez les moins de 65 ans restait faible : par rapport à celui des plus de 65 ans, il était entre 34 et 73 fois inférieur dans les huit pays européens analysés, mais seulement entre 13 et 15 dans les États américains.
  • Le risque absolu de décès était compris entre 1,7 et 79 par millions de personnes de moins de 65 ans, selon les pays analysés. Les facteurs socio-économiques et la saturation des établissements hospitaliers sont probablement des déterminants importants dans la disparité observée de ces chiffres.

 

Une équipe américaine de l’université de Stanford (Etats-Unis) a évalué les tendances concernant le risque de décès lié au COVID-19. Pour cela, elle a utilisé les données disponibles début avril dans les pays européens et les Etats américains qui avaient recensé plus de 250 décès à date et pour lesquels des données concernant le profil des patients étaient disponibles. Ils ont ainsi analysé les chiffres de l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède, la Suisse ainsi que les données de la ville de New-York et de la Louisiane, le Michigan et Washington. La France n’a pas pu être incluse car à ce jour, les données concernant les décès en Ehpad ne permettent pas d’analyser le paramètre de l’âge.

Une plus grande vulnérabilité aux Etats-Unis ?

Globalement, les personnes de moins de 65 ans représentaient entre 76 et 88% des cas selon les territoires concernés, et comptaient pour 5 à 9% des décès associés au COVID-19 dans les différents pays européens, et jusqu’à 30% de ceux relevés dans les différents territoires des Etats-Unis. Les hommes représentaient 56 à 69% des décès. Ainsi, le risque absolu de décès lié au COVID-19 chez les moins de 65 ans était entre 34 et 73 fois inférieur à celui des plus de 65 ans dans les huit pays européens analysés contre 13 à 15 pour les différents territoires américains.

Dans les pays européens, les personnes de moins de 40 ans représentaient entre 52 et 64% des cas survenant avant 65 ans, mais seulement moins de 1% des décès. En revanche, aux États-Unis, les moins de 40 ans représentaient 1% des décès dans l’état de Washington, mais 3 à 3,8% en Louisiane et dans le Michigan, et jusqu’à 6,1% dans la ville de New-York. Les auteurs évoquent le fait que les clusters y sont apparus dans des milieux socio-économiques particulièrement fragiles.

La méta-analyse des données disponibles concernant la présence de comorbidités issus de trois pays (New-York, Pays-Bas, Italie) montre que les décès des moins de 65 ans ayant des comorbidités représentaient 0,9% de tous les décès dans lesquels ces pathologies ont pu être analysées.

Les facteurs socio-économiques, la préparation et la saturation des établissements hospitaliers sont probablement des déterminants importants dans la disparité observée de ces chiffres.

Ces données préliminaires, puisqu’analysées en cours d’épidémie, n’ont pas pour l’heure permis d’évaluer le rôle des comorbidités prises individuellement dans ces tendances. Il est possible que toutes les données relatives à celles-ci n’aient pas non plus été notifiées dans les cas de décès. Enfin, cette publication doit être prise avec précaution car publiée pour l’heure sur la plateforme MedRxiv. Elle permet toutefois de disposer d’ordre de grandeur pour mieux comprendre l’épidémiologie de cette pandémie.