Première vague : la contamination des soignants est-elle liée à la pénurie de matériel ?
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
Les personnels de santé représentent un groupe particulièrement à risque de contracter le COVID-19. Afin d’évaluer les circonstances potentielles de leur contamination, une enquête a été initiée, en France, via un questionnaire en ligne. Elle est destinée à tous les personnels de santé ayant été infectés par le SARS-CoV-2, quelle que soit leur fonction au contact des patients (infirmier, aide-soignant, médecin, kinésithérapeute, technicien de laboratoire, pharmacien, manipulateur radio, brancardier, ambulancier, psychologue, diététicienne, dentiste…) et quel que soit le lieu (établissements de santé, médico-sociaux, cabinets, officines, laboratoires d’analyses de biologie médicale...) et le mode d’exercice (public/privé, libéral/salarié...).
Au 15 août 2020, 2.329 questionnaires ont été complétés. Sans surprise, les trois régions les plus représentées étaient : l’Île-de-France (30,3% des cas), le Grand Est (15,4%) et la Bourgogne-Franche-Comté (12,6%), soit les régions les plus touchées durant la première vague. Les dates de début des symptômes se sont étalées du 10 janvier 2020 au 29 juillet 2020, avec un pic durant la semaine du 16 au 23 mars. Parmi l’ensemble des répondants, 102 (4,4% ; âge médian 49 ans) ont dû être hospitalisés, dont 9 (âge médian 62 ans) en réanimation.
Cette enquête étudie les circonstances potentielles de contamination des professionnels sans préjuger de leur causalité immédiate, celle-ci ne pouvant le plus souvent pas être établie avec certitude.
On peut toutefois noter une insuffisance du port de masques de protection adaptés pendant cette première vague, le port d’un masque FFP2 étant inconstant pour la plupart des activités définies comme les plus à risque. Ainsi, pour le prélèvement nasopharyngé, qui a rapidement été identifié comme devant être réalisé avec ce type de masque, quel que soit le statut du malade et le lieu d’exercice, un masque FFP2 était porté par environ 80% des professionnels en unités COVID, 50% en dehors de ces unités et seulement 30% en établissements sociaux et médico-sociaux ou en ville pendant la période (mars-avril 2020) où est survenue la quasi-totalité des contaminations des répondants à l’enquête.
Les principales raisons invoquées pour l’absence de port de masque ou le port d’un masque chirurgical au lieu d’un masque de type FFP2 étaient :
- La pénurie de matériel conduisant à l’utilisation de masque chirurgical,
- L’absence de recommandations relatives au port de masque hors prise en charge d’un patient suspect ou atteint du COVID-19 au début de l’épidémie,
- Les protocoles appliqués localement conduisant à réserver les masques FFP2 à la prise en charge des patients ayant eu une PCR positive et à certaines situations.
Le contexte de contamination des soignants semble avoir été à cette période essentiellement professionnel, soit par transmission patient-soignant, soit entre soignants avant que ne soit préconisé le port en continu du masque chirurgical, notamment en salle de réunion ou de repos. Les contacts extra-professionnels (communautaires) ne peuvent être exclus, mais semblent avoir été, à cette époque, pour les répondants, un facteur de risque secondaire, sauf pour les 75 professionnels (3,2%) n’ayant pas travaillé durant les 15 jours précédant leurs symptômes.
La poursuite de l’enquête jusqu’en avril 2021 devrait permettre d’appréhender si l’amélioration des conditions (opérations de dépistage systématique, disponibilité généralisée des masques de protection et améliorations des recommandations) aura un impact sur la contamination des soignants lors de cette deuxième vague…
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