Première étude prospective décrivant le risque de BPCO d’origine professionnelle

  • Lytras T & al.
  • Thorax

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Le suivi durant 20 ans de plus de 3.300 patients dans le cadre de l’enquête européenne ECRHS (European Community Respiratory Health Survey) met en évidence que l’incidence de la BPCO est supérieure (+21%) chez ceux qui sont exposés à un contaminant dans leur environnement professionnel. Les salariés les plus exposés seraient ceux de l’industrie du transport, du bois, du papier et des textiles, ainsi que ceux travaillant dans l’agriculture, la pisciculture ou l’exploitation forestière.
  • L’enquête ECRHS est la première étude prospective multicentrique à démontrer l'effet de ces facteurs professionnels sur l'incidence de la maladie, et incite à renforcer les aspects de prévention. Si les chiffres peuvent manquer de puissance du fait du nombre modeste de cas de BPCO durant le suivi, les auteurs rappellent que la cohorte restait en moyenne jeune, ne permettant pas de préjuger des chiffres à plus long terme.

Principaux résultats

  • Au total, 3.343 participants issus de 12 pays (Allemagne, Australie, Belgique, Espagne, Estonie, France, Islande, Italie, Norvège, Royaume-Uni, Suède et Suisse) ont été suivis durant 20 ans en moyenne entre 1991-1993 et 2010-2012 (cf Méthodologie), dont 1.409 sujets n’ayant jamais fumé (âge médian à l'inclusion : 34,5 ans).
  • À l’issue du suivi, 96 participants présentaient une BPCO selon les données de l’EFR, soit une incidence de 1,4 cas/1.000 personnes-années. Cette incidence était supérieure chez les fumeurs avec 2,0 vs 0,6 cas/1.000 personnes-années (p<0,001).
  • Dans l’ensemble, 50,7% de la cohorte n’avait pas eu d’exposition à une substance professionnelle : la majorité des autres (48,4%) était exposée aux VGPF (vapeurs, gaz, poussières, fumées), tandis que 4,9% l’étaient aux pesticides. D’autres substances étaient aussi présentes  dans l’environnement professionnel, à une fréquence moindre.
  • Hormis les solvants et les métaux, l'incidence brute de la maladie était plus élevée chez les personnes exposées que non exposées : le risque relatif de BPCO était de 1,6 pour les poussières biologiques [1,1-2,3], de 2,2 pour les pesticides [1,1-3,8] et de 1,5 pour les gaz et les fumées [1,0-2,2].
  • Le sexe ou le développement d’un asthme durant le suivi n’ont pas modifié les tendances observées.
  • La stratification des données selon l’importance de l’exposition à la substance à risque permettait de mettre en évidence une modeste relation dose-réponse concernant les poussières biologiques.

Méthodologie

  • ECRHS est une étude longitudinale multicentrique lancée en 1991-1993, qui a inclus des participants non asthmatiques de 20 à 44 ans issus de 55 centres répartis dans 23 pays européens. Suite à cette première phase (ECRHS I) au cours de laquelle tous ont rempli un questionnaire, suivi un examen clinique et une EFR, deux nouvelles campagnes d’évaluation ont été reproduites entre 1998 et 2002 (ECRHS II) et entre 2010 et 2012 (ECRHS III). L’analyse a porté sur tous les participants ayant suivi la spirométrie au cours d’ECRHS I et ECRHS III, à conditions que les données sur leur statut tabagique et professionnel soient disponibles.
  • L’exposition à un facteur était caractérisée à partir d’une activité professionnelle de 3 mois minimum, à raison de 8 heures par jour.

Principales limitations

La stratification selon l’intensité du tabagisme n’a pas pu être conduite.

Financement

L’étude a reçu des fonds publics de plusieurs pays européens.