Première analyse de registre de patients MICI atteints de COVID-19
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
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Le traitement par corticostéroïdes systémiques ou par sulfasalazine/acide 5-aminosalicylate (5-ASA) semble constituer un facteur de risque de développer une forme sévère ou fatale de COVID-19 chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques des intestins (MICI).
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En revanche, le traitement par anti-TNF ne semble pas associé à un risque de COVID-19 grave, même si une incertitude persiste en cas d’utilisation d’anti-TNF en association.
Étant donné le risque d’infection bactérienne ou virale associé à certains traitements des MICI et qu’à l’inverse, certains immunosuppresseurs peuvent limiter le développement de formes sévères, il est important d’évaluer comment ces observations se traduisent dans une population atteinte de MICI face au risque de COVID-19. Dans cet objectif, le registre SECURE-IBD a été créé avec le soutien de plusieurs sociétés savantes internationales, afin de suivre les sujets ayant une maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI) pour lesquels un diagnostic de COVID-19 avait été posé par PCR. L’analyse des 525 premiers cas enregistrés a été publiée par Gastroenterology.
Un sur-risque associé aux corticostéroïdes et 5-ASA
La cohorte avait un âge moyen de 41 ans et regroupait 52,6% d’hommes. Il s’agissait de maladie de Crohn pour 59,4% d’entre eux, et 58,9% étaient en rémission.
Au total, 161 patients ont dû être hospitalisés (31%), 24 ont été admis en soins intensifs (5%), 21 ont nécessité une ventilation (4%), et 16 décès ont été recensés (8 avait 70 ans ou plus, aucun moins de 30 ans). Le critère principal (réanimation, ventilation, décès) a concerné 37 patients, soit 7% de la cohorte. La cohorte comportait 3 cas pédiatriques, aucun n’ayant développé de forme sévère.
L’âge et l’existence d’au moins 2 comorbidités étaient associés au risque de positiver le critère principal d’évaluation (OR ajusté 1,04 et 2,9 respectivement). Concernant les traitements, les corticoïdes systémiques constituaient un risque statistiquement significatif (ORa 6,9 [2,3 – 20,5]) suivis de la 5-ASA (ORa 3,1 [1,3-7,7]). Les anti-TNF n’étaient pas associés à ce risque (ORa 0,9 [0,4-2,2]), alors qu’une analyse exploratoire a suggéré qu’ils pourraient l’être uniquement au sein d’une combinaison thérapeutique (et non en monothérapie. Les auteurs rapportent également que 55 patients de la cohorte initiale étaient traités par anti-IL12/23 et que 51 d’entre eux n’avaient pas eu besoin d’hospitalisation.
Si cette étude comporte des biais en termes de déclaration des évènements (possibilité de sur-représentation des formes sévères ou, à l’inverse, formes sévères hospitalisés hors du réseau du registre), cette première analyse apporte des éléments suggérant la vigilance sur l’utilisation des corticoïdes et des données a priori rassurantes sur les anti-TNF. Les données concernant l’association thérapeutique avec ces derniers, ainsi que celles plus générales à ce travail devront être confirmées par d’autres études.
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