Premier bilan de pharmacovigilance concernant les médicaments utilisés dans la prise en charge du COVID-19
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
Une surveillance des effets indésirables liés à l’utilisation de médicaments chez les patients atteints du COVID-19, en particulier lorsqu’ils sont utilisés en dehors des essais cliniques, a été mise en place. Elle est essentielle car même si les molécules utilisées sont parfois bien connues, elles sont dans ce cas prescrites « dans un contexte de soins inhabituel et administrées à des patients différents de ceux à qui elles sont normalement destinées ». De plus, les posologies utilisées peuvent être différentes de celles actuellement recommandées. Plusieurs molécules sont suivies dont l’hydroxychloroquine et l’association fixe lopinavir/ritonavir.
Deux enquêtes de pharmacovigilance permettent de dresser un premier bilan :
- Une enquête générale menée par le centre de pharmacovigilance de Dijon qui recense l’ensemble des effets indésirables déclarés dans la base nationale de pharmacovigilance depuis le 27 mars 2020, en lien avec des médicaments utilisés chez des patients pris en charge pour une infection au SARS-CoV-2.
- Une enquête complémentaire menée par le centre de pharmacovigilance de Nice qui s’intéresse spécifiquement aux effets cardiovasculaires de ces traitements.
Ainsi, une centaine de cas d’effets indésirables ont été déclarés en lien avec des médicaments utilisés chez des patients infectés par le COVID-19. Parmi eux, 82 cas graves dont 4 décès. La majorité de ces effets indésirables déclarés se répartissent par moitié entre lopinavir-ritonavir et hydroxychoroquine. La plupart sont connus et déjà décrits dans la littérature, dans les notices et dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) : hépatotoxicité, néphrotoxicité, atteintes rétiniennes et troubles cardio-vasculaires notamment.
L’enquête niçoise dédiée aux évènements cardiovasculaires a rapporté 53 cas d’effets indésirables cardiaques dont 43 avec l’hydroxychloroquine, seule ou en association (notamment avec l’azithromycine) :
- 7 cas de mort subites, dont 3 « récupérées » par choc électrique externe,
- Une dizaine de troubles du rythme électrocardiographiques ou symptômes cardiaques les évoquant comme des syncopes,
- Des troubles de la conduction dont l’allongement de l’intervalle QT, d’évolution favorable après arrêt du traitement.
On peut noter que la quasi-totalité des déclarations provient des établissements de santé, ce qui n’est pas surprenant puisque la prescription de ces traitements pour traiter le COVID-19 n’est pas autorisée en ville, bien que des cas de prescriptions ou d’autoprescriptions par des médecins de ville aient été rapportés.
Ce premier bilan montre que les risques, notamment cardiovasculaires, associés à ces traitements sont bien présents et potentiellement augmentés chez les malades du COVID-19. En effet, si l’on prend en compte le fait que les effets indésirables sont généralement sous-déclarés et que cela doit être accentué en cette période de forte tension dans les services hospitaliers, les résultats de cette première analyse représentent un signal important. Il est donc nécessaire de rappeler que jusqu’à nouvel ordre, pour la prise en charge du COVID-19, ces médicaments doivent être utilisés uniquement à l’hôpital, sous surveillance étroite, en respectant le cadre fixé par le Haut conseil de la santé publique.
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