Prévalence élevée des résistances aux antibiotiques dans les infections à M. genitalium sur le territoire français

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Cette étude transversale rapporte une forte prévalence des mutations responsables de résistances aux antibiotiques dans des échantillons positifs à Mycoplasma genitalium sur le territoire Français métropolitain, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
  • Cette prévalence s’est révélée plus basse dans les territoires d’Outre-mer, en particulier pour les fluoroquinolones, sans différences significatives entre les genres.
  • Pour les auteurs, « ces résultats témoignent de l’importance de surveiller la prévalence de ces résistances en France. Et si les macrolides peuvent être utilisés comme traitement probabiliste en Outre-mer, il apparaît nécessaire de cibler le traitement en fonction de la recherche des résistances en France métropolitaine, en particulier chez les hommes. »

Pourquoi est-ce important ?

L’azithromycine (macrolide) et la moxifloxacine (fluoroquinolone) sont les traitements de première et seconde ligne indiqués dans le traitement des mycoplasmes urogénitaux. Cependant, les résistances aux antibiotiques de Mycoplasma genitalium sont en augmentation partout dans le monde depuis une dizaine d’années. Les données concernant le territoire Français étant encore limitées, une équipe de l’Université de Bordeaux vient d’évaluer leur prévalence en France métropolitaine et d’Outre-mer.

Méthodologie

Cette étude transversale multicentrique a évalué la prévalence des résistances aux macrolides et aux fluoroquinolones associées à des mutations de Mycoplasma genitalium. Pour cela des échantillons positifs à Mycoplasma genitalium ont été collectés de façon prospective chaque mois auprès des laboratoires d’analyses médicales en France métropolitaine entre 2018 et 2020, puis envoyés au centre national de référence des infections sexuellement transmissibles bactériennes à Bordeaux. En Outre-mer (La Réunion, Mayotte, Guyane française, Nouvelle Calédonie et Polynésie française), les échantillons ont été relevés de façon trimestrielle en 2018 et 2019. Puis les mutations responsables de résistance ont été identifiées et séquencées.

Principaux résultats

Au total, 1.630 patients positifs à Mycoplasma genitalium ont été inclus dans l’analyse. L’âge moyen des patients concernés allait de 28 à 31 ans.

En France métropolitaine, la prévalence des mutations de résistance aux macrolides allait de 34,7% à 42,9%, restant stable sur l’ensemble de la période 2018-2020. Elle était significativement plus importante chez les hommes (52,4% à 60,2%) que chez les femmes (15,9%% à 22,2%) (p<0,001), et plus importante encore chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (échantillons rectaux) : 65,8% à 75,8% versus 49,6% à 54,1% chez les autres hommes.

Cette prévalence est apparue moins importante en Outre-mer (6,1% à 14,7%) (p<0,001) et aucune différence entre les sexes n’a été observée.

Concernant la résistance aux fluoroquinolones, la prévalence était également plus importante en France métropolitaine (14,9% à 16,1%) qu’en Outre-mer (1,3% à 2,6%) (p<0,001). Aucune différence n’a pu être relevée entre les sexes quel que soit le territoire considéré.

La prévalence d’une double résistance aux macrolides et aux fluoroquinolones allait de 9,2% à 12,8% en France métropolitaine, là aussi plus importante chez les hommes que chez les femmes. En Outre-mer ces doubles mutations n’étaient pas présentes en 2018 et représentaient seulement 0,9% des échantillons positifs à M. genitalium en 2019, sans différence entre les sexes.