Pourquoi le « yoyo pondéral » est obésogène et délétère pour la santé ?

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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Le poids dit « optimal » est celui qui assure statistiquement la meilleure espérance de vie en bonne santé pour un individu. L’équilibre entre apports et besoins énergétiques dépend de facteurs génétiques, épigénétiques, biologiques, mais aussi de l’alimentation, de la pratique d’une activité physique, du sommeil, du microbiote et de facteurs comportementaux et psychosociaux.

L’homéostasie pondérale permet à l’organisme de maintenir un poids de référence par adaptation compensatoire. Or, ce système est bien plus adapté à la correction d’un déficit énergétique, qu’à la correction d’un surcroît d’ingestat.

 

Le maintien du poids de référence, un mécanisme complexe

La dépense énergétique globale correspond pour 60% à la dépense énergétique de repos, pour 10% à la thermogenèse et pour 30% à l’activité physique, qui constitue la part la plus variable. Le cerveau est informé en continu du statut énergétique par un mécanisme de feed-back hormonal. Il régule ainsi la prise alimentaire à partir des données du tissu adipeux, du tractus digestif et des informations environnementales. Le noyau arqué de l’hypothalamus reçoit des informations du système nerveux entérique via le tronc cérébral, de facteurs sanguins circulants et d’autres régions cérébrales. La leptine, hormone synthétisée par les adipocytes, réagit à une restriction calorique ou à une augmentation des ingestats en adaptant l’appétit et la dépense énergétique. Son taux circulant est proportionnel à la masse adipocytaire. L’augmentation des taux de leptine favorise l’inhibition de la prise alimentaire. La ghréline, produite par l’estomac, stimule quant à elle l’appétit et la prise alimentaire à distance des repas. D’autres hormones interviennent dans la régulation de la prise alimentaire (insuline, cholécystokinine, peptide YY, glucagon-like peptide-1). Les restrictions alimentaires « valorisent la composante récompense de la nourriture » et favorisent la diminution des dépenses énergétiques par processus adaptatif. La stabilisation du poids se fait souvent à un niveau situé au-dessus des prévisions du fait de la diminution du métabolisme de repos lié à la perte de la masse maigre et à la diminution de la thermogenèse adaptative.

 

Le risque de surpoids augmente avec le nombre de régimes

Le nombre de régimes entrepris augmente le risque de surpoids. Ainsi, une seule tentative de perte de poids intentionnelle multiplie le risque de surpoids par 3, et deux tentatives multiplie ce risque par un facteur 5. 

 

Tous les âges sont concernés

En France, une enquête alimentaire de population a montré que 26% des répondeurs déclaraient avoir suivi un régime hypocalorique au cours des 3 dernières années. Plus de 50% des participants avaient un IMC normal. D’autres données indiquent que les adolescentes de poids normal qui s’obligent à des pratiques restrictives dont un régime alimentaire ont un risque de surpoids à 10 ans multiplié par 3 par rapport à celles qui n’ont pas de telles pratiques.

 

Régime et augmentation du risque cardiométabolique

Chez les sujets souhaitant modifier leur poids de référence, les pertes de poids intentionnelles et répétées favorisent la prise de poids et augmentent le risque cardiométabolique. Le phénomène est également constaté chez les sujets obèses qui échouent de manière répétée dans leur entreprise de perte de poids du fait d’une résistance à l’amaigrissement et des troubles du comportement alimentaire sous-jacents.  

La cohorte Framingham Heart Study ayant évalué 3.632 sujets tous les 3 ans durant 30 ans a montré que ceux qui avaient un IMC fluctuant avaient des indicateurs de santé métabolique plus souvent perturbés que ceux qui avaient un IMC stable.  Ainsi, les risques d’obésité et de troubles métaboliques incidents associés à la fluctuation pondérale étaient plus importants chez les sujets qui avaient un IMC normal ou qui étaient en surpoids que chez ceux qui étaient obèses. 

 

Les facteurs obésogènes environnementaux…

La prévention des facteurs obésogènes modifiables sont nombreux et comprennent classiquement l’alimentation et l’activité physique, mais plus subtilement l’insuffisance de sommeil, la composition du microbiote et les perturbateurs endocriniens pourraient également jouer un rôle non négligeable.  

 

Ainsi, l’auteur invite les sujets obèses à un accompagnement médical, diététique et psychologique au long cours et les individus ayant un IMC dans les limites normales à ne pas tomber dans les injonctions sociétales et médiatiques de perte de poids.