Pour une utilisation renforcée des dispositifs mécaniques d’aide à la fonction cardiaque

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Comme l’explique l’Académie nationale de médecine, il existe actuellement trois types de dispositifs mécaniques ayant pour but de compenser la défaillance d’un ou des deux ventricules cardiaques.

  1. Des dispositifs d’assistance en urgence, pour une courte durée d’utilisation (jours), « assurant une circulation sanguine extracorporelle et pouvant même, en cas de grande urgence, être mis en place hors du milieu hospitalier et par voie percutanée, afin d’assurer une oxygénation correcte des différents organes, en particulier du cerveau. » Leur utilisation « se diffuse rapidement au sein des unités de réanimation polyvalente et [leur] recensement exhaustif devrait être possible. Leurs résultats sont fonction du contexte clinique dans lequel ils sont mis en œuvre. »
  2. Des dispositifs d’assistance implantés chirurgicalement en dérivation du ou des ventricules natifs. Ils permettent la survie pendant des mois, voire des années, « avec une qualité de vie appréciable, dans l’attente de la récupération de la fonction cardiaque ou d’une greffe cardiaque. »
  3. Des dispositifs de remplacement du cœur (cœurs artificiels), en attente d’un greffon.

Le registre Francemacs, alimenté par les équipes hospitalières, permet une analyse de l’activité liée aux deux derniers types de dispositifs, bien que les données de suivi des malades inclus soient incomplètes. Il montre que ces dispositifs sont disponibles « dans la presque totalité des 23 centres de greffe cardiaque français », mais avec un niveau d’utilisation souvent faible (moins de 5 cas par an, soit 4 par million d’habitants), notamment en comparaison de l’Allemagne (9 par million d’habitants) ou des États-Unis (16 par million d’habitants). Or une activité technique complexe nécessite d’être régulière pour donner de meilleurs résultats.

Ainsi, en France, « le taux de survie à un an après assistance cardiaque mécanique (67%) est inférieur à celui rapporté aux Etats-Unis (85%, pour les cas les plus récents) et dans le registre international Intermacs (82 %). » Cependant, ce résultat peut être aussi rapporté à la plus grande gravité des malades au moment de leur prise en charge (les patients sévèrement atteints ayant la priorité) et par la stratégie d’attribution des greffons cardiaques (priorité d’accès aux malades sous ECMO – oxygénation par membrane extracorporelle – et absence de priorité pour les malades sous assistance circulatoire de longue durée sans complication).

Des atouts technologiques

L’Académie souligne que « l’expérience française se caractérise aussi par la richesse de la recherche technologique : mise au point d’un système d’assistance cardiaque innovant apportant un supplément d’éjection en cas de systole ventriculaire insuffisante ou reposant sur l’action d’une membrane ondulante et visant une meilleure tolérance ; développement d’un cœur artificiel, original par son système d’autorégulation et l’utilisation de matériaux d’origine biologique. »

Elle émet plusieurs recommandations.

  • Information du public, des médecins généralistes et des cardiologues sur les progrès de l’assistance et de la suppléance mécanique de la fonction cardiaque défaillante, afin que les patients ne soient pas adressés trop tardivement aux chirurgiens spécialisés.
  • Création de centres de référence « insuffisance cardiaque » répartis sur tout le territoire à même d’avoir un volume d’activité suffisant.
  • Aide à la recherche clinique, en particulier pour permettre au registre Francemacs de devenir exhaustif et favoriser l’activité des jeunes sociétés françaises afin de leur faciliter le transfert chez l’homme des progrès réalisés chez l’animal.