Pour un fonds spécifique de financement de la prévention
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
C’est devenu un lieu commun : en France, la prévention est défavorisée au profit du curatif. Les trois signataires d’une tribune parue dans le Monde le 16 avril 2022 écrivent même « sinistrée ». Il s’agit de Bernard Basset, médecin, spécialiste en santé publique, président d’Addictions France et ancien haut fonctionnaire au ministère de la santé ; François Bourdillon, médecin, ancien directeur de Santé publique France ; Serge Hercberg professeur émérite de nutrition (université Sorbonne-Paris-Nord).
Ils constatent que « seules les crises font évoluer le système de santé » et que cela se traduit souvent par la création d’agences de sécurité sanitaire. Ils se déclarent surpris par le point commun aux multiples propositions de réforme, qui serait d’être « centrées sur la mécanique de ces structures afin de renforcer l’expertise, la recherche ou la formation, au risque de rajouter une nouvelle couche au millefeuille actuel. »
La prévention : des acteurs multiples
Pourtant, pour eux, la prévention est un sujet essentiel, parce que « toutes les données scientifiques et d’évaluation concluent à des retours d’investissements très importants dans ce domaine. » Il est certes fondamental de s’appuyer sur la recherche et l’expertise pour connaître. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi évaluer les programmes et actions de terrain, pour favoriser ceux qui ont fait la preuve de leur efficacité. Et soutenir les acteurs de la prévention, c’est-à-dire :
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Le milieu associatif, seul capable de toucher les populations isolées.
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Les nombreuses structures publiques réalisant un maillage sur tout le territoire pour la protection de l’enfance et parfois un « filet de sécurité » pour les populations les plus fragiles du fait de leur gratuité : réseaux de périnatalité, centres de protection maternelle et infantile, services de pédopsychiatrie, santé scolaire. Pour les signataires de la tribune, elles ont été « considérablement fragilisées par tous les gouvernements précédents, alors que leurs missions sont cruciales. »
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Les enseignants, pour développer l’éducation à la santé.
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Les acteurs de la santé au travail, en ne se cantonnant pas à « la seule logique individuelle, nécessaire mais insuffisante. »
Taxer les produits néfastes à la santé
Ils plaident pour un financement « prévention » voté chaque année par le Parlement, distinguant les programmes dirigés vers le collectif (promotion de la santé, éducation pour la santé) et ceux vers les individus (vaccin, test de dépistage, etc). À l’image du fonds de lutte contre les addictions, alimenté par une taxe sur le tabac, ils proposent la création d’un fonds « prévention » alimenté par des taxes sur l’alcool, les produits trop gras, sucrés ou salés (Nutri-Score D et E), sur les jeux et les paris, etc. Ils suggèrent une taxe spécifique sur les publicités des « produits défavorables à la santé. »
Et comme bien d’autres avant eux, ils attendent du volontarisme de la part du Président de la République.
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