Pour soulager vos patientes de leurs neuropathies périphériques chimio-induites, pensez à la marche rapide
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude publiée dans la revue JAMA montre une réduction de 16% du score de sévérité des neuropathies périphériques chimio-induites chez des femmes traitées pour cancer des ovaires et qui suivent durant 6 mois un programme d’activités physiques.
- Les exercices proposés étaient des exercices en aérobie, principalement de la marche rapide – facilement réalisable par toutes sans matériel – idéalement jusqu’à 150 minutes par semaine. Plus de 8 femmes sur 10 ont atteint les objectifs de fréquence et intensité souhaités.
- « L’activité physique pourrait également augmenter la survie en améliorant l’observance des chimiothérapies, si de futures études démontrent que l’exercice peut prévenir les neuropathies périphériques chimio-induites chez les patientes atteintes de cancer ovarien », précisent les auteurs.
Pourquoi est-ce important ?
Environ 90% des patientes ayant un cancer ovarien reçoivent une chimiothérapie. Les neuropathies périphériques sont la principale cause d’effets indésirables en termes de sévérité et de fréquence puisque 30 à 70% des patientes recevant du paclitaxel en première ligne de traitement sont concernées. Cet effet indésirable est handicapant car il peut induire des douleurs, des altérations sensorielles, motrices, et diminuer la coordination volontaire des mouvements.
Méthodologie
Ces analyses secondaires pré-spécifiées de l’essai clinique multicentrique, randomisé Women’s Activity and Lifestyle Study in Connecticut (WALC), mené en ouvert chez 134 femmes traitées pour cancer ovarien et souffrant de neuropathies périphériques chimio-induites ont été réalisées pour évaluer l’effet d’un programme d’activité physique suivi durant 6 mois. Ces femmes ont été comparées à un groupe contrôle.
Le programme d’activité physique consistait à réaliser des exercices d’aérobique à domicile avec le soutien téléphonique d’un conseiller appartenant à l’American College of Sports Medicine/American Cancer Society-certified cancer. Les participantes devaient augmenter leurs exercices aérobiques jusqu’à atteindre 150 minutes d’exercices d’intensité modérée par semaine, principalement par la marche rapide. Le groupe contrôle recevait chaque semaine un appel téléphonique « éducationnel » par un professionnel de l’étude WALC.
Le critère principal d’évaluation était la sévérité de la neuropathie périphérique chimio-induite, auto-mesurée par les participantes à l’inclusion et 6 mois après le début de l’étude grâce à l’échelle d’évaluation Functional Assessment of Cancer Therapy/Gynecologic Oncology Group-Neurotoxicity (FACT/GOG-Ntx), qui varie de 0 à 44 (les scores les plus élevés indiquant les symptômes les plus sévères).
Principaux résultats
Au total 134 participantes (âge moyen 57,5 ans) ont été incluses dans les analyses, 69 participaient au groupe exercice et 65 au groupe contrôle. Le délai moyen depuis le diagnostic était de 1,7 ans. Aucune différence statistique n’a été mise en évidence dans les caractéristiques des 2 groupes à l’inclusion. La plupart des femmes avaient eu un diagnostic de cancer de stade III ou IV et recevaient du carboplatine associé à du paclitaxel (82,0%) et plus de 8 sur 10 n’avaient pas de récidive de la maladie avant l’inclusion. En revanche, au cours de l’étude, 29% ont reçu une chimiothérapie de maintenance ou une nouvelle chimiothérapie du fait d’une récidive. À l’inclusion, le score FACT/MGOG-Ntx moyen était de 8,1 pour le groupe exercice et 8,8 pour le groupe contrôle, p=0,56. Engourdissements, picotements, gêne au niveau des pieds, douleurs articulaires et crampes étaient les symptômes les plus fréquemment signalés.
Après 6 mois d’étude, 83,8% des femmes avaient atteint 80% des objectifs d’activité physique (temps moyen de pratique : 166 minutes/semaines). Le score de neuropathies périphériques chimio-induites à 6 mois était diminué de 1,3 [-2,3 à -0,2] points par rapport à l’inclusion, soit une diminution de 16%. Aucune variation significative du score correspondant n’a été observée dans le groupe contrôle. La différence entre les groupes était de -1,6 points, p=0,03. L’inconfort au niveau des pieds, les douleurs articulaires, les crampes musculaires et la sensation générale de faiblesse sont les symptômes que les patientes ont décrits comme étant les plus améliorés à 6 mois.
Aucune modification de l’effet n’a été mise en évidence en fonction du score de neuropathie périphérique chimio-induite initial, de la participation aux séances de conseil, de l’IMC de base, du stade de la maladie, de la chimiothérapie, de l’âge de la patiente ou du temps écoulé depuis le diagnostic.
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