Polyarthrite rhumatoïde : l’intervention thérapeutique précoce a-t-elle encore un intérêt à long terme ?

  • Kedra J & al.
  • RMD Open

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) de la cohorte ESPOIR, le bénéfice à long terme d’un traitement par DMARD (disease modifying antirheumatic drug) doit tenir compte de la dose et de la durée d’exposition au traitement.
  • Initier un DMARD dans les 3 premiers mois après le diagnostic – c’est-à-dire  dans la fenêtre thérapeutique précoce - amène un bénéfice à long terme pour le patient.

Pourquoi est-ce important ?

La PR bénéficie aujourd’hui d’un diagnostic et une prise en charge thérapeutique plus précoces. Le concept de fenêtre thérapeutique d’opportunité a été démontré dans des essais cliniques via des résultats à court terme. Il était intéressant de confronter ces données aux résultats d’analyses de modèles prédictifs validés via des études observationnelles. L’étude présentée ici, est la première qui mesure les résultats fonctionnels et structuraux, l’impact à 10 ans de l’exposition cumulée et pondérée précoce aux DMARD, intégrant ainsi le dosage et la durée d’exposition.

Méthodologie

Les données de patients atteints de PR issus de la cohorte ESPOIR et pour lesquels des mesures du score d’activité de la maladie sur 28 articulations (DAS28), un questionnaire d’évaluation de santé (HAQ, Health Assessment Questionnaire) à 10 ans (n=418) et les données radiographiques à 10 ans (n=343) étaient disponibles ont été inclus dans l’étude.

Le critère principal d’évaluation était l’évolution favorable à 10 ans, définie par un score DAS28 <2,6, un score HAQ à 10 ans <0,5 et l’absence de progression de lésions structurelles à 10 ans (score Sharp-van der Heijde <11,5 points).

Trois modèles de régression logistique multivariée prédisant l’issue à 10 ans ont été utilisés : 1- Le premier a utilisé uniquement les caractéristiques cliniques, biologiques et radiologiques initiales des patients ; 2- Le second, les caractéristiques initiales des patients et l’exposition aux DMARD (oui/non quel que soit le moment de l’initiation) ; 3- Et le troisième considérait les caractéristiques initiales des patients et l’exposition cumulée pondérée aux DMARD.

Principaux résultats

Au global, les données de 418 sujets souffrant de PR (répondant aux critères ACR/EULAR 2010 et pour lesquelles les données étaient complètes) ont été analysées. L’âge moyen au diagnostic était de 48 ans, la majorité était de sexe féminin. Le DAS28 à l’inclusion de la cohorte ESPOIR était de 5,2±1,3.

Globalement, 46,9% ont présenté une « évolution favorable » à 10 ans et 73,5% « une absence de progression des lésions structurelles » à 10 ans. Respectivement 89,5%  et 87,5% des patients de ces deux groupes  ont été exposés à un DMARD conventionnel synthétique durant les 10 ans de suivi. Le délai moyen entre l’apparition des premiers symptômes et l’initiation du traitement était respectivement de 69,3 et 66,1 jours. Le méthotrexate était de loin le plus prescrit (82,3% pour le groupe ayant eu une évolution favorable et 80,2% pour le groupe absence de progression de l’atteinte structurelle). Les DMARD biologiques étaient utilisés par 35,9% et 34,4% respectivement des patients des deux groupes, avec une initiation moyenne ayant eu lieu respectivement 1.050,3 et 1.216,5 jours après les premiers symptômes. Les anti-TNF était les plus prescrits, avec respectivement 34,2% et 32,7% pour chacun des groupes.

Le modèle d’exposition cumulée pondérée avait une meilleure performance de prédiction (aire sous la courbe de 0,80 [0,74-0,87]) pour l’évolution favorable à 10 ans et 0,87 [0,83-0,92] pour l’absence de progression de lésions structurelles à 10 ans).