Polyarthrite rhumatoïde (PR) : compréhension des liens entre biomarqueurs inflammatoires et le risque cardiovasculaire

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude de cohorte rassemblant plus de 400 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR), les différents scores inflammatoires calculés à partir des taux de leucocytes (systemic inflammation response index ou SIRI, rapport neutrophiles-lymphocytes ou NLR...) sont associés de façon indépendante à des niveaux plus élevés de risque cardiovasculaire, estimé selon le SCORE2. Ils étaient aussi associés à un risque accru de dysfonction des cellules bêta pancréatiques.
  • Les auteurs estiment que « les scores basés sur les cellules sanguines et qui reflètent l'état inflammatoire pourraient constituer des biomarqueurs de substitution pour le diagnostic des maladies cardiovasculaires chez les patients atteints de PR ».

Pourquoi est-ce important ?

Plusieurs scores fondés sur le taux de certaines cellules sanguines sont utilisés comme biomarqueurs de l’inflammation systémique : rapport neutrophiles-lymphocytes (NLR), plaquettes/lymphocytes (PLR) ou lymphocytes/monocytes (LMR). Le score SIRI se calcule de son côté comme étant le taux de neutrophiles multiplié par le rapport monocytes/lymphocytes. Ces biomarqueurs sont pertinents pour mesurer l'inflammation liée au cancer, aux maladies cardiovasculaires ou aux infections. Étant donné l’importance de l'inflammation dans la PR et dans la pathogenèse des maladies cardiovasculaires, il est intéressant d’évaluer également ces différents paramètres chez le patient atteints de PR et leur corrélation au risque cardiovasculaire.

Méthodologie

Au total, les données de 430 patients adultes consécutifs ayant reçu un diagnostic de PR ont été inclus : le diagnostic devait être posé depuis au moins un an et ils ne devaient pas avoir une autre pathologie inflammatoire concomitante. Tous ont répondu à un questionnaire concernant les facteurs de risque cardiovasculaire, les médicaments utilisés et ont eu un examen clinique et biologique large, avec réalisation d’une mesure échographique de l'épaisseur de l'intima-média carotidienne. Enfin, leur score de risque cardiovasculaire (SCORE2) permettant d’estimer le risque à 10 ans d'événements cardiovasculaires mortels et non mortels, a été calculé et a permis de classifier les patients comme ayant un risque faible à modéré, élevé ou très élevé en fonction des différents groupes d'âge (<50, 50-69 et ≥70 ans).

Principaux résultats

La cohorte recrutée était composée de 430 patients (âge moyen 55 ans, 81% de femmes, IMC moyen 29 kg/m²). Parmi eux, 22% étaient fumeurs, 13% diabétiques de type 2, 34% étaient hypertendus et 32% avaient un IMC ≥30 kg/m². L'épaisseur moyenne de l'intima-média carotidienne était de 696 µm, et 42% avaient des plaques carotidiennes. La durée médiane de la maladie était de 8 ans et la valeur médiane du SCORE2 était de 3,7%, la majorité (62%) ayant un risque cardiovasculaire (CV) faible ou modéré.

Plusieurs paramètres biologiques apparaissaient positivement et significativement associés aux scores inflammatoires : CRP (protéine C réactive), vitesse de sédimentation (sauf pour le PLR), score d’activité de la maladie SDAI (simplified disease activity index). Les scores d’activité de la maladie (Disease Activity Score 28) étaient associés à la valeur du NLR. 

Le SCORE2 était significativement associé à des valeurs plus élevées de SIRI, NLR et MLR, mais pas de PLR. Ces relations étaient également vérifiées lorsque les patients étaient classifiés selon leur niveau de risque SCORE2. Ainsi, ceux qui avaient un risque CV très élevé avaient des valeurs élevées pour les différents scores inflammatoires, sauf avec le PLR.

Il existait une relation entre les valeurs élevées des scores SIRI et NLR et l’ampleur de l’altération des cellules bêta pancréatique de de la sensibilité à l’insuline (selon le modèle d'évaluation HOMA2-IR), y compris après ajustement multivarié. Aucune relation n’a été en revanche identifiée concernant leurs liens avec les profils lipidiques.