Pneumonie COVID-19 : résultats décevants de l’anakinra dans les formes légères à modérées

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon l’essai multicentrique français CORIMUNO19, l’anakinra, un antagoniste du récepteur à l’IL-1, n’améliore pas l’évolution de sujets souffrant de formes légères à modérées de pneumonie COVID-19.
  • En effet, la proportion de patients s’étant aggravés au 4e jour (score WHO-CPS>5) et au 14e jour (pourcentage de patients ayant nécessité une ventilation non invasive, de l’oxygène haut débit, une ventilation mécanique ou étant décédés) n’a pas été réduite.
  • D’autres études sont attendues pour évaluer son effet à des doses plus élevées et dans les formes plus sévères de la pathologie.

 

Les patients atteints de COVID-19 avec symptômes respiratoires, développent une réponse inflammatoire non spécifique excessive et non efficace contre le virus, mais qui au contraire est à l’origine d’effets délétères au cours de la maladie. Cette inflammation est associée à une augmentation de la production de cytokines proinflammatoires telles que l’IL-1. Des données préliminaires ont suggéré une possible efficacité de l’anakinra, un antagoniste du récepteur à l’IL-1 dans les formes légères à modérées de COVID-19. Aussi, le groupe français CORIMUNO-19 (Cohort multiple randomized controlled trial open-label of immune modulatory drug and other treatment in COVID-19) a cherché à évaluer l’efficacité et la sécurité de cette molécule chez ce type de patients. Rappelons que l’anakinra a déjà été approuvé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, de la goutte et d’autres syndromes auto-immuns rares, et dispose d’un bon profil de sécurité.

Méthodologie

Cet essai randomisé, niché dans la cohorte CORIMUNO-19, a été réalisé en ouvert, chez des patients hospitalisés pour une pneumonie COVID-19 légère à modérée confirmée par RT-PCR. Pour être inclus, les patients devaient avoir besoin d’une oxygénothérapie d’au moins 3L/min (masque ou canule), mais pas d’une assistance respiratoire et ne pas nécessiter d’admission en soins intensifs en arrivant à l’hôpital (score de 5 sur l’échelle de progression clinique de l’OMS (WHO-CPS)), ainsi qu’une protéine C réactive > 25 mg/L. Ils ont été randomisés pour recevoir des soins usuels plus l’anakinra par voie IV (200 mg 2x/j du premier au 3e jour suivant l’hospitalisation, 100 mg 2x/j le jour 4 et 100 mg 1x/j le jour 5) ou bien seulement des soins usuels.

Résultats

  • L’étude a recruté 116 patients, 59 dans le groupe anakinra et 57 dans le groupe soins usuels. Dans cette population, l’âge moyen était de 66 ans et 70% des participants étaient des hommes.
  • Au 4e jour suivant l’admission à l’hôpital, 36% des sujets du groupe anakinra avaient un score WHO-CPS > 5 contre 38% dans le groupe soins usuels (premier cocritère principal d’efficacité).
  • Au 14e jour, 47% des patients du groupe anakinra avaient eu besoin d’une ventilation non invasive, d’oxygène haut débit, d’une ventilation mécanique ou étaient décédés (second cocritère principal d’efficacité) contre 51% dans le groupe soins usuels.
  • Enfin, à J90, le pourcentage de décès à déplorer dans le groupe anakinra était de 27% contre 25% dans le groupe soins usuels (critère secondaire).
  • Par ailleurs, des événements indésirables graves sont survenus chez 46% des patients sous anakinra et 38% des patients sous soins usuels, sans différence significative entre les deux groupes.

Limites

Essai réalisé en ouvert, sur un faible nombre de patients.

Des différences dans les soins usuels (usage des corticoïdes notamment) ne peuvent être exclues entre les différents centres.