Plus ou moins de 40 ans au diagnostic d’un cancer du sein métastatique : quel impact sur l’espérance de vie ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
- Le diagnostic d’un cancer du sein métastatique avant 40 ans est un facteur de mauvais pronostic.
- Mais une évaluation menée en vraie vie montre que cela n’aurait pas d’impact sur l’espérance de vie du fait du recours plus fréquent à certains traitements chez les plus sujets les plus jeunes.
Pourquoi ces résultats sont intéressants ?
Être jeune au diagnostic d’un cancer du sein ou être atteint d’un cancer à un stade métastatique constituent des facteurs de mauvais pronostic. En revanche il n’existe pas de données sur la valeur pronostique de l’âge au diagnostic d’un cancer du sein au stade métastatique. Or, il est admis que les formes agressives (cancer du sein triple négatif) sont plus fréquentes chez les plus jeunes. Il était donc intéressant d’évaluer la survie en vraie vie des femmes souffrant de cancer du sein métastatique en fonction de leur âge (<40 ans, entre 40 et 60 ans ou >60 ans).
Méthodologie
Cette étude évalue des données de la cohorte nationale ESME (Epidemiological Strategy and Medical Economics - initiée par UNICANCER) collectées de manière rétrospective entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2014, à partir de 18 centres de soins français.
Principaux résultats
Sur l’ensemble de la population incluse (n=14.403 femmes), 7,5% (n=1.077) étaient âgées de moins de 40 ans, 44,7% (n=6.436) avaient entre 40 et 60 ans et 47,8% (n=6.890) avaient plus de 60 ans. Les analyses ont révélé que :
- Le délais médian entre le diagnostic et le stade métastatique était significativement plus court chez les femmes les plus jeunes (18 mois pour les moins de 40 ans versus 42 mois pour les plus de 60 ans). Ce qui était cohérent avec le fait que les formes plus agressives étaient significativement plus fréquentes chez les femmes les plus jeunes : 62,3% des femmes <40 ans avaient une tumeur de grade III versus 48,2% et 39,9% pour celles qui avaient respectivement 40-60 ans et plus de 60 ans. Et la proportion de cancer du sein HER2+ et triple négatif était significativement plus importante chez les femmes de plus de 60 ans (respectivement 25,7% versus 15,3% et 27,4% versus 14,6%).
- Les femmes de moins de 40 ans atteintes d’une forme de cancer du sein métastatique HER2+ ou luminale avaient une espérance de vie significativement supérieure. Les auteurs expliquent ce résultat par le recours plus fréquent aux traitements par chimiothérapie et anti-HER2 en première ligne de traitement chez les plus jeunes et moins souvent à un traitement par hormonothérapie. Par exemple, 87,1%, 81,7% et 75% avaient bénéficié des anti-HER2 respectivement pour les moins de 40 ans, 40-60 ans et plus de 60 ans, p<0,0001).
- Sur un suivi médian de 48 mois, la survie globale médiane variait significativement entre les groupes d’âge : 38,8 mois pour les moins de 40 ans, 38,4 mois pour les 40-60 et 35,6 mois pour les plus de 60 ans.
- En analyse multivariée, l’âge jeune était un facteur pronostic indépendant de survie. Par rapport aux femmes de plus de 60 ans, le risque de mortalité était diminué de 25% chez les moins de 40 ans (hazard ratio (HR) 0,75 [0,69-0,82]) et de 16% chez les 40-60 ans (HR 0,80-0,88]).
Limites
Les causes des décès n’étaient pas souvent identifiées et il manque des informations concernant les données biologiques en lien avec l’atteinte métastatique.
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