Plus de 40% de risque de cardiopathie ischémique chez les adultes nés prématurés
- Crump C & al.
- JAMA Pediatr
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Selon l’étude de cohorte suédoise parue dans JAMA Pediatrics, les adultes de 18-43 ans nés avant terme ont un risque de présenter une cardiopathie ischémique multiplié par 1,44 [1,19-1,73] par rapport à ceux nés à terme. Si l’incidence de ces évènements est faible, elle reste néanmoins significative. Elle laisse penser que l’incidence de la prématurité se lit à long terme et permet de questionner la façon dont elle s’exprimera avec le vieillissement ultérieur.
L’éditorial qui accompagne cette étude souligne que le sur-risque de cardiopathie ischémique vient compléter une liste déjà longue d’associations entre la prématurité d’une part et l’hypertension artérielle, le diabète, le syndrome métabolique ou le risque cérébrovasculaire d’autre part. Si selon ses auteurs, les mécanismes physiopathologiques restent à décrire, ils ne doivent pas occulter la nécessité de considérer ces adultes comme une population à risque et, à ce titre, de leur proposer une stratégie de prévention et de suivi adaptée.
Méthodologie
L’étude a été menée auprès d’une cohorte nationale suédoise regroupant 2.141.709 personnes issues de naissance unique entre 1973 et 1994. L’analyse a été réalisée à partir des données des bases de santé et registres nationaux jusqu’en septembre 2018.
L’ajustement des données a été réalisé sur de multiples facteurs : année de naissance, sexe, croissance fœtale, ordre de naissance, anomalies congénitales, âge maternel à la naissance, niveau d’éducation, IMC, tabagisme, diabète ou hypertension de la mère, région/pays de naissance.
Principaux résultats
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Durant le suivi, 1.921 personnes soit 0,09% des adultes âgés de 18 à 43 ans ont reçu un diagnostic de cardiopathie ischémique durant toute la période de suivi, soit un taux d’incidence global de 6,21 pour 100.000 années-personnes. Ce chiffre était différent selon l’âge gestationnel avec 8,79/100.000 années-personnes chez les sujets nés prématurés (<37 SG), 6,48/100.000 chez les sujets nés entre la 37e et la 38e SG, et de 5,85 pour ceux nés à partir de la 39e semaine.
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Ainsi, il existait une association inverse entre l’âge gestationnel et le risque de cardiopathie ischémique : le hazard ratio ajusté (HRa) était de 0,96 pour chaque semaine supplémentaire à la naissance [0,93-0,98]. Comparativement à ceux nés à terme, ceux nés avant la 37e semaine ou à 37-38 SG avaient un risque accru (HRa) de 1,44 [1,19-1,73] et de 1,16 [1,02-1,3] respectivement (p significatifs).
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Afin d’évaluer l’influence potentielle de facteurs génétiques et/ou environnementaux susceptibles de prédisposer à la prématurité ou à la cardiopathie ischémique, les auteurs ont conduit des analyses de fratrie permettant de contrôler les facteurs familiaux en ne considérant que ceux ayant moins un frère ou une sœur (soit 83,9% de la cohorte). Ce travail a montré que si l’association était modérément atténuée, elle persistait et restait significative (HRa 1,35 au lieu de 1,44).
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En revanche, l'association entre la prématurité et le risque de cardiopathie ischémique ne variait pas de manière significative en fonction de la croissance fœtale.
Principales limitations
Les données issues de registres ou de bases de donnée peuvent comporter des erreurs.
Étant donné la rareté des évènements ischémiques, il n’était pas possible de mener une analyse fine en fonction de la sévérité de la prématurité (semaine après semaine de grossesse).
Financement
L’étude a reçu des fonds publics suédois.
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