Pleine conscience : un outil à exploiter pour améliorer le contrôle de la tension artérielle

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude randomisée américaine conduite chez des sujets hypertendus, un programme de pleine conscience permet d’améliorer le contrôle de la pression artérielle systolique (PAS) de 4,3 mmHg à 6 mois par rapport à un groupe contrôle.
  • Des analyses exploratoires suggèrent que la pleine conscience aurait un effet favorable sur la sédentarité et le stress perçu, d’autres paramètres à la limite de la significativité ayant pu être limités par la taille de l’effectif recruté.
  • Les auteurs soulignent qu’une « méta-analyse récente a montré qu'une réduction de 5 mmHg de la PAS se traduit par une diminution de 10% des événements cardiovasculaires majeurs dans les essais cliniques randomisés », ce qui suggère que « ces résultats sont cliniquement pertinents ».

Pourquoi est-ce important ?

Seule une minorité de patients traités, estimée à 25%, ont un contrôle de leur hypertension artérielle (HTA). Les traitements antihypertenseurs et les modifications de l’hygiène de vie tels que préconisés se confrontent donc à des limites flagrantes. L’intérêt de la pleine conscience dans ce contexte clinique se pose : cette approche, fondée sur l'autorégulation de l'attention focalisée sur le moment présent et celle des émotions, visant à adopter curiosité, ouverture et acceptation, a été décrite comme favorisant une baisse de la PAS de 6,6mmHg immédiatement après l’exercice par rapport à un groupe témoin, selon une récente méta-analyse. Les faibles effectifs et la courte durée de suivi des études prises en considération limitent toutefois la robustesse de ce résultat. Aussi, des chercheurs américains ont souhaité évaluer si un programme basé sur la pleine conscience pourrait aider à améliorer le contrôle de la pression artérielle, non seulement directement, mais aussi indirectement, par rapport à des évolutions d’attitude vis-à-vis de l'alimentation, de l'activité physique, de la réaction au stress et de l’observance du traitement.

Méthodologie

L'étude MB-BP (Mindfulness-Based Blood Pressure Reduction) est un essai en groupes parallèles qui a recruté des participants ≥18 ans ayant des valeurs tensionnelles élevées au cabinet médical (PAS≥120 mmHg ou pression artérielle diastolique PAD≥80 mmHg). Ils ont été randomisés (1:1) entre le programme de pleine conscience et un groupe contrôle. Les premiers ont bénéficié de huit séances de groupe hebdomadaires de 2,5 heures et une séance de groupe d'une journée de 7,5 heures. La pratique de pleine conscience recommandée à la maison était de ≥45 min/j, 6 j/semaine. Ceux du groupe contrôle ont reçu une brochure éducative sur l’HTA. Les patients des deux groupes devaient utiliser un appareil d’automesure tensionnelle à domicile et avaient pour cela été formés à son utilisation.

Le critère principal d’évaluation était la valeur de la tension artérielle au cabinet 6 mois après le début de l’étude, une évaluation intermédiaire étant planifiée à 3 mois. Lors de ces deux temps d’évaluation, plusieurs paramètres ont été évalués selon des échelles validées : l'activité physique au cours de la semaine précédente, le régime alimentaire, l'indice de masse corporelle (IMC), la consommation d'alcool, le niveau de stress (échelle de stress perçu à 10 points) ainsi que l’adhésion à l'utilisation des médicaments antihypertenseurs (type, dose et fréquence), à la pleine conscience.

Principaux résultats

L’étude a inclus 201 patients (âge moyen 59,5 ans, 58,7% de femmes). Le taux de perdus de vue était comparable dans les groupes pleine conscience et témoin (17,8 et 17,0% respectivement).

À 3 et à 6 mois, la PAS était respectivement réduite de 5,3 mmHg et de 5,9 mmHg par rapport à l’inclusion pour l’ensemble de la cohorte, avec une différence entre groupes de 2,8 mmHg ([-7,1 à 1,5], p=0,21) et de 4,5 mmHg ([-9,0 à -0,1], p=0,045) en faveur du groupe pleine conscience. Aucune différence n’a été enregistrée concernant les valeurs de PAD.

Par rapport au groupe contrôle, le temps d’activité sédentaire et le stress perçu ont été significativement améliorés dans le groupe pleine conscience par rapport au groupe contrôle, la consommation d’une alimentation plus saine tendant à être significative.

Dans les deux groupes, la plupart des participants n’ont pas modifié leur consommation de médicaments antihypertenseurs au cours de l’étude : ceux du groupe pleine conscience avaient d’ailleurs un risque d’augmenter cette médication de 29% inférieur au groupe contrôle et une chance de réduire ce traitement de 20% supérieur (odds ratio 0,71 [0,20-2,52] et 1,20 [0,31-4,72] respectivement). Il faut noter que les participants du groupe contrôle ont été interrogés et ont déclaré pour 31,5% d’entre eux avoir pratiqué des exercices de pleine conscience au cours des 6 mois, ce qui peut avoir minoré les différences observées.