Plasma convalescent dans le COVID-19 : des signaux encourageants ?

  • Li L & al.
  • JAMA

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Messages principaux 

  • Les patients ayant une forme grave ou critique de COVID-19 ont une amélioration clinique à 28 jours et une dynamique de rétablissement clinique qui ne sont pas pas statistiquement différentes chez les patients traités par le protocole de soins standard seul ou associé à une transfusion de plasma convalescent. Cependant, des tendances apparaissent, et l’absence de significativité pourrait être due à une puissance statistique insuffisante de cette étude clinique randomisée chinoise qui a prématurément stoppé les inclusions du fait de la fin de la période épidémique locale. D’autres travaux pourraient permettre de confirmer les tendances observées.

 

Le recours à la transfusion de plasma convalescent pour améliorer le pronostic du COVID-19 est étudié dans le cadre de plusieurs études cliniques à travers le monde. Le JAMA vient de publier l’une des premiers articles portant sur les données d’une cohorte randomisée et de taille significative.

Cette étude a été menée dans 7 hôpitaux de Wuhan (Chine) entre le 14 février et le 1er avril 2020. Elle devait inclure 200 patients adultes dont le diagnostic de COVID-19 avait été posé par PCR dans les 72 dernières heures et ayant une forme sévère ou critique de la maladie. Cependant, la dynamique épidémique n’a permis d’inclure que 103 patients qui ont été randomisés en ouvert entre le traitement standard seul ou associé à la transfusion de plasma convalescent (4 à 13 mL/kg de poids corporel, 10 mL durant les 15 premières minutes puis augmentation jusqu’à 100 mL/h). Le critère principal d’évaluation était l’amélioration clinique à 28 jours, évaluée par la réduction de 2 points ou plus sur une échelle de sévérité allant de 1 (non hospitalisé) à 6 (décès).

Ainsi 52 patients ont été inclus dans le groupe expérimental (dont 23 cas sévères) et 51 dans le groupe contrôle (dont 22 cas sévères). Ils avaient un âge moyen respectif de 70 et 69 ans et 51,9 et 64,7% d’entre eux étaient des hommes. Pour 94 et 90% des patients de ces deux groupes, le début des symptômes datait de plus de 14 jours.

À 28 jours, les patients ayant reçu le plasma avaient en moyenne atteint une amélioration clinique significative 2,15 jours avant ceux sous traitement standard [-5,28 à 0,99], cette amélioration clinique concernant 51,9% et 43,1% du groupe expérimental versus groupe contrôle respectivement (différence 8,8% [-10,4 à 28] rapport de risque 1,40 [0,79-2,49], p=0,26). L’amélioration était plus significative dans le groupe ayant une forme grave de la maladie (4,94 jours [-9,33 à -0,54] et 91,3% vs 68,2% soit 2,15 [1,07-4,32], p=0,03) alors qu’elle n’était pas statistiquement différente pour les formes critiques de COVID-19. À 28 jours, le taux de patients sortis d’hospitalisation ou décédés étaient aussi en faveur du groupe ayant reçu le plasma (15,7 vs 24,0%, p=0,30 et 51% vs 36%, p=0,13).

Les auteurs, comme l’éditorial qui accompagne cet article, reconnaissent parfaitement les limitations de ce travail, à savoir l’absence de double insu et le fait que la puissance statistique de l’étude ait été limitée par l’arrêt prématuré des recrutements. Cependant, cette publication constitue pour l’heure l’étude la plus solide disponible sur l’administration de plasma convalescent. Elle permet à la fois de supposer qu’un bénéfice puisse être tiré des transfusions, notamment chez les sujets graves, mais apporte également un ordre de grandeur sur lequel fonder d’autres études cliniques sur le sujet.