Place des acides gras oméga-3 dans la prévention primaire d’évènements cardiovasculaires majeurs et du cancer

  • Manson JE & al.
  • N Engl J Med

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Une étude randomisée, contrôlée versus placebo menée au sein d’une large cohorte d’hommes de 50 ans et plus et de femmes de 55 ans et plus, suggère que la supplémentation en acides gras omega-3 ne présenterait pas de bénéfice en prévention primaire sur l’incidence des évènements cardiovasculaires majeurs, ou du cancer par rapport au placebo. 

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Des études menées sur l’animal, ainsi que des essais cliniques randomisés de faible envergure et des études épidémiologiques observationnelles ont suggéré qu’un apport élevé d’acides gras omega-3 était associé à une réduction du risque de maladie cardiovasculaire en prévention primaire. Des études de taille intermédiaire menées en prévention cardiovasculaire secondaire ou chez des populations à haut risque cardiovasculaire ont conduit quant à elles à des résultats contradictoires. Les preuves de l’impact des oméga-3 sur le risque de cancer sont tout aussi faibles. Jusqu’à l’étude présentée ici, il existait peu de données dédiées à cette question dans la population générale.

Méthodologie

L’étude américaine VITAL (The Vitamin D and Omega-3 Trial) est un essai randomisé, contrôlé versus placebo qui présente une méthodologie factorielle 2x2. Celle-ci a comparé l’apport en vitamine D3 (2.000 UI/j) et en acides gras omega-3 (1g/j, sous forme de capsule d’huile de poisson contenant 460 mg d’acide eicosapentaenoïque (EPA) et 380 mg d’acide docosahexaenoïque (DHA)) à un traitement placebo chez des hommes âgés de 50 ans et plus et des femmes de 55 ans et plus. Le suivi portait sur la survenue d’évènements cardiovasculaires majeurs (IDM, AVC et décès toutes causes confondues), ainsi que sur le cancer invasif.

Principaux résultats

Parmi les 25.871 sujets en bonne santé ayant participé à l’étude, il y avait 51% de femmes, 5.106 individus d’origine africaine et l’âge moyen de la cohorte était de 67,1 ans. L’observance globale qualifiée par la prise d’au moins les 2/3 des capsules était de 81,6% dans le groupe oméga-3 et 81,5% dans le groupe placebo.

Au cours du suivi médian de 5,3 ans, les évènements cardiovasculaires sont survenus chez 386 individus dans le groupe oméga-3 et 419 dans le groupe placebo.

Ni le risque de survenue d’un événement cardiovasculaire majeur, ni le risque de cancer invasif, n’était significativement diminué dans le groupe oméga-3 versus placebo (respectivement hazard ratio (HR) 0,92 [0,80-1,06], p=0,24 et 1,03 [0,93-1,13], p=0,56). 

Les analyses ont suggéré une diminution du risque d’IDM, HR 0,72 [0,59-0,90], mais pas des autres critères : HR 1,04 [0,83-1,31] pour l’AVC, HR 0,96 [0,76-1,21] pour le décès d’origine cardiovasculaire, et HR 1,02 [0,90-1,15], pour le risque de mortalité toutes causes confondues. 

Principales limitations

La durée médiane de l’étude reste courte au regard des critères évalués. Une seule dose d’acides gras oméga-3 a été évaluée.