Place de la transfusion de plasma durant le transport médicalisé aérien

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Chez les sujets blessés et à risque de choc hémorragique, les résultats d’une étude pragmatique de supériorité montrent que l’administration pré-hospitalière de plasma congelé diminue significativement le risque de mortalité à 30 jours et réduit le temps de prothrombine médian par rapport à des soins standards de réanimation, tout en étant significativement plus efficace et sûre par rapport à des soins standards de réanimation.  

Pourquoi est-ce important ?

La « réanimation par contrôle des dommages » est une approche qui consiste à réduire les complications potentielles dans l’environnement pré-hospitalier, en intervenant notamment sur le risque hémorragique précocement, avant le développement d’une coagulopathie ou un choc irréversible. Cette étude apporte des données dans un domaine où il en existe peu émanant d’essais de qualité.

Méthodologie

L’étude PAMPer Prehospital Air Medical Plasma est un essai de supériorité, pragmatique multicentrique de phase 3, comparant l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation de plasma décongelé en administration pré-hospitalière à des soins de réanimation standards lors d’un transport médicalisé aérien, chez des patients blessés et à risque de choc hémorragique. Les patients devaient présenter au moins un épisode d’hypotension (PAS <90 mmHg) et une tachycardie (>108 battements/minutes) ou ont une hypotension sévère (PAS <70 mmHg) soit avant l’arrivée du transport médical aérien ou à tout moment avant l’arrivée au centre de traumatisme.

Principaux résultats

Sur un total de 501 patients évalués, 230 ont reçu du plasma et 271 des soins de réanimation standards. 

72,7% des sujets évalués étaient des hommes et la plupart des blessures étaient causées par un traumatisme contondant. Le score médian de gravité de la blessure était de 22 (un score >15 indiquant un traumatisme majeur). 

La mortalité à 30 jours (critère principal de jugement) était significativement inférieure dans le groupe ayant reçu du plasma que dans le groupe pris en charge par des soins de réanimation standards (23,2% vs 33,0%, soit une différence de -9,8% [-18,6 à -1,0%], p=0,03). Ainsi, le risque de décès à 30 jours était 39% plus faible dans le groupe ayant reçu du plasma par rapport au groupe ayant reçu les soins standards (odds ratioajusté 0,61 [0,40-0,91], p=0,02). 

Une efficacité similaire a été observée à travers les neufs sous-groupes spécifiés de patients (importance de la transfusion de concentrés de globules rouges,délai de la transfusion, lieu de la transfusion, présence d’un traumatisme cérébral sévère, d’antécédent de traitement par anti-vitamine K ou antiplaquettaire, type de blessure, temps de transport pré-hospitalier).

Les analyses par courbes de Kaplan-Meier ont indiqué une séparation précoce entre les deux groupes de traitement dès la 3eheure après la randomisation, qui persistait jusqu’à 30 jours après la randomisation.

Le temps médian de prothrombine après l’arrivée des patients au centre de prise en charge des traumatismes, était inférieur dans le groupe ayant bénéficié du plasma que dans le groupe ayant reçu les soins standards.

Aucune différence significative concernant une atteinte multi-organique, un syndrome de détresse respiratoire, une infection nosocomiale, une allergie ou toute autre réaction liée à la transfusion n’a été notée entre les deux groupes. 

Financement

Étude financée par le service médical des armées des Etats-Unis.