Pilule masculine : pour quand ?
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
À l’exception de l’usage du préservatif, la contraception est très majoritairement féminine, ce qui pose un enjeu d’équité entre les sexes. De temps à autre, la contraception masculine soulève un intérêt médiatique, mais la recherche à son sujet piétine. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) propose une mise au point sur ses avancées.
Agir sur la production des spermatozoïdes
L’objectif est de produire un moyen contraceptif ayant des propriétés équivalentes à celles de la pilule féminine : capable de neutraliser tous les spermatozoïdes, facile à prendre, d’efficacité réversible et avec des effets secondaires admissibles.
Une première approche consiste à administrer des hormones synthétiques (en général progestatives) afin de faire baisser le taux de testostérone testiculaire pour diminuer, voire annuler, la production de spermatozoïdes. Elle a été testée dans huit essais cliniques auprès de 2.000 volontaires. Les résultats ont montré une efficacité semblable à celle des contraceptifs féminins, réversible, et avec peu d’effets secondaires. Cependant, cette efficacité n’apparaît qu’après plusieurs mois de traitement et ne disparaît que longtemps après sa cessation, ce qui constitue un inconvénient majeur. De plus, l’administration ne s’effectue que par voie injectable. Un essai clinique est en cours pour tester cette approche contraceptive sous forme de gel. La voie orale, elle, s’est avérée associée à une toxicité hépatique.
Ou sur leur mobilité
Une seconde approche consiste à agir sur la mobilité des spermatozoïdes. Elle consiste à administrer un produit bloquant les cellules musculaires des canaux déférents (ou spermiductes) qui sont normalement en charge de la progression des spermatozoïdes depuis les testicules vers la prostate. L’effet contraceptif est obtenu en quelques heures. Mais les essais n’ont été effectués que chez le rat.
Une troisième approche met à profit les propriétés contraceptives non hormonales de certains produits naturels :
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Le gossypol (issu d’une plante cotonneuse poussant en Chine) a réduit la production, la mobilité et la forme des spermatozoïdes chez plus de 8.000 participants dans un essai de phase III. L’efficacité contraceptive était de 90%, mais était irréversible dans 20% des cas.
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Le triptonide (extrait d’une plante mais synthétisable) déforme les spermatozoïdes et réduit leur mobilité. Il a une efficacité contraceptive après plusieurs semaines de traitement chez le rat et certains primates, mais il n’a pas été testé chez l’homme.
La recherche d’un contraceptif est donc laborieuse, freinée par des difficultés scientifiques, mais aussi par le sous-financement, qu’explique sans doute l’incertitude quant à l’acceptabilité d’une contraception masculine par les hommes.
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