Piercing : tour d’horizon des complications
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon une revue de la littérature, si les piercings d’oreilles sont les plus fréquents, ce sont les piercings au niveau de la cavité buccale (langue, lèvre, gencive, muqueuse) qui sont associés à la plupart des complications aiguës et chroniques. Les complications allergiques et dermatites sont souvent liées à la nature du matériau du bijou.
- Les complications systémiques sont extrêmement rares mais peuvent exister selon la littérature (choc septique, endocardite), les conditions d’asepsie observées par le salon étant primordiales.
- Les auteurs insistent pour que « compte tenu de la popularité croissante des piercings, les médecins généralistes et les dermatologues connaissent la variété des complications aiguës ou chroniques associées aux piercings corporels, ainsi que les modalités de traitement efficaces ».
Pourquoi est-ce important ?
La prévalence des piercings dans la population générale est estimée à 50%. Certaines études évoquent l’existence de complications chez 30 à 35% des personnes selon la localisation du piercing, principalement infectieuses, cicatricielles (chéloïdes) ou allergiques. Cette revue offre une vue d’ensemble sur l’état des connaissances actuellement disponible dans la littérature.
Méthodologie
La revue de la littérature a été menée sur une recherche bibliographique dans les principales bases de données pour identifier toutes les études publiées entre 1950 et juin 2022 et dédiées aux complications possibles induites par le piercing, dans les populations adultes et pédiatriques soit 2.679 études identifiées, 617 ayant été analysées et 319 incluses dans la revue.
Principaux résultats
Au total, 30.090 complications ont été analysées, recensées auprès de 30.231 patients (74% de femmes, âge moyen 27,8 ans), pour un total de 36.803 sites de piercing. La cavité buccale était la localisation la plus fréquemment associée à une complication (67%), suivie par les oreilles (21%) et la langue (5%).
Les lésions tissulaires (saignements, dysesthésies, douleurs…) étaient les plus fréquentes (43%), et étaient majoritairement liées aux piercings buccaux.
Les complications infectieuses correspondaient à 36% des complications signalées, quasi-exclusivement locales (98%). Néanmoins parmi les cas d’abcès (n=25), 40% étaient survenues après piercing du mamelon, et parmi les colonisations bactériennes (n=103), 69% après piercing de la langue. Enfin, des cas d’infections systémiques ont été identifiées (107 cas d’hépatites, 52 cas de tétanos), les autres cas étant exceptionnels (chlamydia, VIH, herpès simplex…), après piercing principalement situés au niveau de la langue, l'oreille et les organes génitaux.
Les complications à médiation immunitaire (15,2%) étaient majoritairement de type allergique (31%), et concernaient alors majoritairement le piercing d’oreille. Cependant, les oedèmes, inflammations ou dermatites représentaient chacun entre 17 et 21% des cas, et pouvaient concerner, outre les oreilles, les piercings buccaux et de la langue.
Au total, 10,6% des complications étaient intrabuccales, majoritairement à type de lésions dentaires (86%), qui survenaient dans 9 cas sur 10 après piercing au niveau de la cavité buccale.
Par ailleurs, 2,6% de complications étaient à type de prolifération, majoritairement après un piercing d’oreilles : il s’agissait de chéloïdes dans 97%, mais 7 cas de tumeurs malignes ont été notifiés. Enfin, 2,1% de complications systémiques (déficit fonctionnel, atteinte d'organes secondaires, troubles cardiaques, aspiration/inhalation) ont été notifiées.
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