Peut-on prédire l’anémie ferriprive au 3ème trimestre de grossesse ?
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude a mesuré la prévalence de l’anémie ferriprive au 3e trimestre de grossesse et a recherché la présence de paramètres prédictifs de ce désordre dès le 1er trimestre.
- La prévalence de l’anémie ferriprive au 3e trimestre de grossesse reste élevée en France avec un peu plus de 20% des femmes enceintes concernées.
- Contrairement à ce qui pourrait être attendu, les conditions sociales de vie ne seraient pas des facteurs suffisants pour prédire le risque d’anémie chez la femme au 3e trimestre.
- La nécessité d’une supplémentation pourrait en revanche être guidée par un taux d’hémoglobine (Hb) inférieur à 120 g/L au premier trimestre.
Pourquoi est-ce important ?
L’anémie ferriprive est très fréquente au cours de la grossesse et peut avoir des conséquences graves pour la mère (diminution des capacités cognitives durant le travail, dépression, sensibilité aux infections) et l’enfant (troubles neurologiques et séquelles à long terme, incluant troubles de la mémoire, autisme et schizophrénie). Si les femmes à risque d’anémie bénéficient d’un dépistage gratuit de l’hémoglobine au cours du 1er trimestre de grossesse, une supplémentation systématique en fer n’est pas recommandée , car elle peut être néfaste chez les femmes non anémiées. Les auteurs de l’étude suggèrent « de réaliser systématiquement une numération sanguine au cours du premier trimestre de la grossesse et de proposer une supplémentation en fer par voie orale aux femmes présentant une hémoglobine <120g/L ».
Méthodologie
Cette étude de cohorte prospective menée en France dans un seul centre (hôpital universitaire de Clermont-Ferrand) a inclus des femmes âgées de 15 ans et plus, durant le premier trimestre de leur grossesse. Les critères d’exclusion étaient les femmes âgées de moins de 15 ans, l’absence d’analyses sanguines au 1ertrimestre, la présence d’une anémie non ferriprive (Hb>110g/L et ferritine sérique ≥20μg/L), l’avortement spontané ou médical avant le 3e trimestre et la perte de vue de la patiente.
Les caractéristiques cliniques et socio-économiques des femmes ont été évaluées ainsi que la qualité de vie liée à la santé. La numération de la formule sanguine a été établie. Un échantillon de sang congelé a été recueilli au 1er et/ou 3e trimestre de grossesse.
Dans un second temps, une étude nichée cas-témoin appariée a été conduite chez les femmes ayant développé une anémie lors de leur 3e trimestre. Chacune de ces femmes a été appariée sur l’âge, l’indice de masse corporel (IMC< ou ≥30kg/m2) et la date d’inclusion à une femme sans anémie à T1 et T3.
Principaux résultats
Sur l’ensemble de la cohorte (n=629 femmes), 21,9% des femmes ont eu une anémie au cours de leur 3etrimestre de grossesse. Parmi elles, 7,2% étaient déjà en anémie au 1er trimestre (soit une prévalence de l’anémie au 1er trimestre de 3,2%).
Au global, 128 femmes n’ayant pas d’anémie au 1er trimestre et en ayant développé une au 3ème ont été incluses dans l’étude cas-témoins nichée. Le taux d’hémoglobine, la ferritine sérique et le rapport ferritine sérique/récepteur soluble de la transferrine au 1er trimestre se sont révélés prédictifs d’une anémie au 3etrimestre (p<0,001).
En revanche, ni les critères sociaux, ni les caractéristiques cliniques, ni les taux d’hepcidine ne l’étaient.
En analyse multivariée, un taux d’hémoglobine <120g/L au 1er trimestre s’est révélé être le meilleur biomarqueur prédictif de l’anémie au 3e trimestre, avec une spécificité de 87,5%.
Principales limitations
Étude menée dans un seul centre. Certains critères qui pourraient expliquer l’anémie n’ont pas été retenus parmi les critères d’appariement (ex. la parité).
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