Peser les patients habillés favoriserait une mauvaise estimation du statut nutritionnel dans 14% des cas
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Si les recommandations françaises préconisent de peser les patients en sous-vêtements, vessie vide et si possible à jeun, il n’est pas toujours aisé de les respecter en pratique clinique pour des raisons de difficultés de mobilisation, de déshabillage ou par refus du patient. Une étude française montre que la différence de poids habillé et en sous-vêtement serait de 1,6±0,6 kg. Celle-ci serait plus élevé chez les hommes (+2,0 kg) que chez les femmes (+1,4 kg). Au global, 13,7% des patients seraient classés dans une autre catégorie nutritionnelle que celle à laquelle ils devraient réellement appartenir. Par ailleurs, les auteurs suggèrent, si des facteurs de correction sont utilisés, qu’ils soient adaptés à la température de la région considérée.
En quoi ces données sont intéressantes ?
Surestimer le poids d’un patient peut en fait amener à ignorer une dénutrition ou à le positionner à tort en surpoids ou obésité. De nombreux patients sont pesés habillés pour diverses raisons. Certains professionnels de santé utilisent également des facteurs correcteurs pour tenir compte de cette différence habillée-nu, mais peu d’études se sont intéressées à ce sujet, notamment chez l’adulte. Cette étude avait pour objectif de déterminer dans quelle mesure la pesée des patients habillés modifiait la détermination de leur statut nutritionnel par rapport à la pesée en sous-vêtements.
Méthodologie
Tous les patients vus en consultation externe dans l’Unité de Nutrition du CHU de Limoges ont été inclus, quel que soit leur motif de consultation. Les patients étaient mesurés sur la même toise murale à 0,5 cm près, et pesés en position debout sur la même balance électronique à 0,1 kg près, calibrée tous les 18 mois. Le poids habillé avec chaussures, le poids des vêtements, le poids des chaussures et le poids des sous-vêtements étaient notifiés. Ces données étaient recueillies pour 4 conditions différentes de température (temps froid, pluvieux, chaud et très chaud).
Principaux résultats
Au total, 51 sujets ont été inclus (38 femmes et 13 hommes) dont l’âge moyen était de 56 ans et l’IMC moyen de 29,3 kg/m2. Le recrutement s’est déroulé de juin à septembre 2017. La différence de poids habillé par rapport au poids en sous-vêtements était de 1,6±0,6 kg (p<0,0001), soit 2,0% du poids habillé.
S’il n’y avait pas de différence significative en fonction de l’âge, en revanche, le poids des vêtements était plus élevé lorsqu’il faisait froid et le poids des vêtements et des chaussures était plus élevé chez les hommes (+2,0 ±0,8kg) par rapport aux femmes (+1,4±0,6 kg).
Dans 13,7% des cas, le patient pesé habillé était classé dans une autre classe nutritionnelle que la classe dans laquelle il aurait été classé à partir de son poids en sous-vêtements.
Principales limitations
Le faible nombre de patients inclus et la forte différence hommes/femmes constituaient les principales limitations de cette étude. Les données sur la température était subjectives (chaud, très chaud), et enfin peu de patients étaient classés dénutris ce qui peut constituer un biais de recrutement.
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