Perturbateurs endocriniens et fonctions reproductrices : éclairage de l’Inserm
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
Des chercheu.r.se.s du laboratoire Lille Neuroscience et Cognition de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont mis à jour l’un des mécanismes par lequel les perturbateurs endocriniens œuvrent pour altérer le développement des fonctions reproductrices dès la naissance. Chez les mammifères, la fonction de reproduction est régulée par les neurones GnRH. Ces derniers sont situés dans le cerveau à la naissance et ils contrôlent les processus liés aux fonctions reproductrices, c’est-à-dire la puberté, l’acquisition des caractères sexuels secondaires et la fertilité à l’âge adulte.
Les neurones GnRH envoient des signaux moléculaires afin de recruter des astrocytes – cellules neurales - auxquels ils s’amarrent pour assurer leurs actions sur les fonctions liées à la reproduction. Cet arrimage intervient dans une période nommée « mini-puberté » qui correspond aux premières sécrétions d’hormones sexuelles. Or, en exposant des rats femelles à de faibles quantités de bisphénol A durant les 10 jours qui suivent leur naissance, les chercheurs ont constaté que les astrocytes ne parvenaient pas à s’arrimer de manière permanente aux neurones GnRH. De cela découlait une altération des fonctions reproductives avec un retard pubertaire et une absence de cycle oestral (équivalent du cycle menstruel chez les femmes) chez les rates adultes.
Pourquoi est-ce important ?
Jusqu’en 2015, le bisphénol A entrait en France dans la fabrication industrielle de plastiques notamment utilisés comme récipients alimentaires (bouteilles, biberons), film de protection à l’intérieur de canettes ou de boîtes de conserve. Interdit dans ces contenants alimentaires depuis, le bisphénol A a été remplacé par les bisphénols S et B qui suscitent à leur tour des interrogations quant à leur innocuité. Par ailleurs, le bisphénol A peut être retrouvé dans l’environnement du fait de la lente dégradation des plastiques.
Vincent Prévot, Directeur de recherche à l’Inserm et l’un des auteurs de cette étude évoque qu’ « un échec de l’intégration des neurones à GnRH lors de la mini-puberté peut entraîner une prédisposition à développer des troubles de la puberté et/ou de la fertilité, mais aussi affecter potentiellement le développement du cerveau et ainsi entraîner des troubles de l’apprentissage ou encore des désordres métaboliques tels qu’un surpoids. »
Ariane Sharif, Maître de Conférences à l’Université de Lille et qui a codirigé cette étude ajoute que ces résultats «soulèvent l’idée que l’exposition précoce à des produits chimiques en contact avec les aliments, tels que le bisphénol A, peut perturber l’apparition de la puberté et avoir un impact durable sur les fonctions reproductrices, en empêchant les neurones à GnRH de construire, dans l’hypothalamus, un environnement approprié et nécessaire à leur rôle de chef d’orchestre de la fertilité ».
Méthodologie
Des rats femelles ont été exposés durant leurs 10 premiers jours de vie à de faibles doses d’un perturbateur endocrinien bien connu, le bisphénol A. Un marquage des astrocytes permettait d’observer leur arrimage sur les neurones GnRH.
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