Permanence des soins : trop peu de territoires couverts correctement

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a publié les résultats de son enquête sur la permanence des soins en ambulatoire (PDSA) en médecine générale pour l’année 2021. Réalisé à partir d’un questionnaire très détaillé soumis aux Conseils départementaux (CDOM), ce travail propose un diagnostic précis et formule quatre recommandations.

Dégradation de la couverture territoriale

Bien que le nombre de participants à la régulation médicale ait augmenté, qu’il s’agisse de praticiens libéraux ou salariés, de remplaçants ou d’étudiants, le taux global de participation des médecins généralistes à la PDSA « est reparti à la baisse », après la hausse constatée pendant l’épidémie de Covid-19 en 2020.

De même, existent conjointement une diminution du nombre de secteurs et une augmentation du nombre de ceux couverts, mais une augmentation du nombre des secteurs couverts par peu de médecins effecteurs (moins de 5 ou 10) : 36% des territoires de PDSA sont couverts par moins de 10 médecins volontaires (+ 1%) et 20% par moins de 5 médecins volontaires (+ 1%). Au final, ces chiffres « témoignent d’une dégradation du fonctionnement de la PDSA. »

Autre sujet d’inquiétude : l’extension des horaires de PDSA au samedi matin, « revendication forte » de l’Ordre et des syndicats de médecins libéraux, n’a pas donné les résultats espérés : seuls 37 départements ont déclaré que la PDSA avait été élargie au samedi matin pour la régulation, soit 4 de moins qu’en 2020.

En revanche, 3 départements de plus ont créé un site dédié, portant le nombre total des départements en ayant un ou plusieurs à 89. Mais seuls 4 départements ont un dispositif spécifique de transport des patients vers ces sites et 33% des départements n’ont aucun dispositif de prise en charge des visites « incompressibles » (« correspondant aux situations où les patients sont dans l’incapacité de se déplacer et pour lesquels il n’est pas possible de mettre en œuvre un transport sanitaire »).

Enfin, « alors que le niveau de réponse aux demandes de soins non programmés des résidents en horaires de PDSA est alarmant », seuls 10 conseils départementaux ont déclaré l’existence d’un dispositif spécifique pour les prises en charge en EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) aux horaires de la PDSA, soit le même nombre qu’en 2020.

Recommandations

Le CNOM formule 4 recommandations pour assurer une « couverture complète des secteurs » :

  • Mise en place conjointe à plusieurs secteurs de sites dédiés ;

  • Extension de la PDSA au samedi matin ;

  • Généralisation des dispositifs de transports des patients et d’effecteurs mobiles pour les patients non mobilisables ;

  • Création de dispositifs spécifiques aux prises en charge en EHPAD.

Il rappelle la nécessité d’actions de communication des pouvoirs publics et du CNOM pour « informer les patients sur la bonne utilisation du système » et du développement « incontournable » de la télémédecine.

Enfin, et ça n’est pas la moindre de ses recommandations, il « appelle à l’émergence d’un système de santé unifié dont tous les acteurs sont rassemblés dans une mission territoriale publique et engagés par une responsabilité populationnelle territoriale, dont l’organisation de la PDSA est une manifestation de première ordre. »