« Pensez-vous que votre polyarthrite rhumatoïde puisse avoir été déclenchée par un stress psychologique ? »
- Germain V & al.
- Rheumatology (Oxford)
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une équipe de cliniciens et chercheurs du sud-ouest de la France ayant évalué le stress en amont du développement d’une polyarthrite rhumatoïde (PR) et la façon dont les patients souffrant de cette pathologie percevaient et géraient leur stress montre que :
- Le niveau de stress cumulé était deux fois plus élevé dans l’année précédant la survenue des premiers symptômes de PR que chez les sujets contrôles.
- Cette différence était significative chez les femmes mais pas chez les hommes.
- Plus les niveaux de stress étaient élevés, et plus l’association avec la PR était importante.
- Plus de la moitié des patients atteints de PR attribuait le début de leurs symptômes à un évènement de vie.
Intérêt actuel et à venir
Plusieurs facteurs interviennent dans le développement d’une PR, le stress pourrait être l’un d’entre eux selon les données de la littérature et selon les dires des patients. Les auteurs de cette étude continuent de suivre les patients PR inclus pour mesurer l’évolution de leur capacité à gérer le stress, l’association entre le stress et la sévérité de leur maladie, et l’évolution de leurs taux de cytokines pro-inflammatoires. Ces données suggèrent l’importance de l’évaluation et de la prise en charge du stress et de l’anxiété chez les patients atteints de PR.
Méthodologie
Cette étude cas-témoins multicentrique a comparé des patients ayant reçu récemment un diagnostic de PR à des sujets témoins récemment hospitalisés pour une chirurgie non programmée et non influencée par le stress. Les sujets des deux groupes ont été appariés sur l’âge et le sexe. Les symptômes de PR étaient apparus moins de deux ans avant le début de l’étude. Le stress cumulé lié aux événements de vie a été évalué grâce à l’échelle de réajustement social SRRS (Social Readjustment Rating Scale) qui recherche 43 évènements de stress différents d’ordre médical, familial, professionnel, financier ou social. Les évènements stressants étaient recherchés dans l’année précédant l’apparition des symptômes de PR. D’autres critères ont été évalués par d’autres échelles psychologiques validées, comme la mise en place de stratégies d’adaptation au stress (coping), les symptômes liés au stress et à l’anxiété.
Principaux résultats
Au total, 76 individus ont été inclus dans chaque groupe d’évaluation. Le délai moyen entre l’apparition des symptômes de PR et l’inclusion dans l’étude était de 14,9 mois et le délai moyen entre l’intervention chirurgicale et l’inclusion de 13,7 mois. Il n’y avait pas de différence entre les sujets PR et témoins concernant les facteurs de risque de PR et ce, quel que soit le sexe. Le niveau de stress cumulé – mesuré par le score moyen SRRS - était deux fois plus élevé au sein du groupe de patients souffrant de PR que dans le groupe témoin (167,0versus 83,3, p<0,001). Les patients souffrant de PR relataient un nombre moyen d’événements de vie stressants dans l’année précédant l’apparition des symptômes significativement plus important que les sujets témoins (5,4versus 2,7, p<0,001). Cette association entre stress cumulé et PR était significative uniquement chez les femmes et non chez les hommes. La relation entre stress cumulé et PR mise en évidence était dose-dépendante, et elle était trois fois plus importante chez les sujets qui avaient les scores SRRS les plus élevés (>150) par rapport aux sujets témoins (Odd ratio (OR) 3,68 [1,57-8,62]). Encore une fois, cette association a été mise en évidence chez les femmes (OR 5,40 [1,82-16,03]) mais pas chez l’homme. Parmi les patients atteints de PR, 54,8% attribuaient le début de leurs symptômes à un évènement de vie stressant, contre 22,4% des témoins (p<0,001). Et ce constat était d’autant plus prononcé chez les femmes souffrant de PR par rapport aux femmes témoins (70,2%versus24,5%, p<0,001). Les évènements de vie stressants les plus souvent évoqués étaient le décès d’un proche (30%), des difficultés professionnelles (15%), un conflit familial ou avec le partenaire (12,5%), une maladie d’un proche (7,5%), des difficultés financières (5%), une séparation (5%). Concernant les objectifs secondaires, une différence significative a été relevée en ce qui concerne le stress perçu et les stratégies d’adaptation émotionnelle chez les sujets souffrant de PR par rapport aux sujets témoins.
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