Les patients schizophrènes : sont-ils plus à risque de troubles sexuels ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Actualités Médicales
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À retenir 

  • Près de 6 patients schizophrènes sur 10 se plaignent de troubles sexuels.
  • Les hommes et les femmes sont aussi fortement concernés.
  • Les troubles sexuels rapportés sont très variés.
  • Une prise en charge des troubles dépressifs associés pourrait contribuer à réduire les dysfonctions sexuelles.

 

Une méta-analyse de 72 études réalisées à travers le monde (4 décennies de recul, 6 continents, 33 pays, plus de 21.000 sujets schizophrènes, 42% des études de bonne qualité méthodologique) a établi que presque 6 sujets schizophrènes sur 10 (56,4% [50,5-62,2]) souffrent également de troubles sexuels. Les auteurs émettent l’hypothèse que l’un des principaux mécanismes physiopathologiques de l’atteinte de la fonction sexuelle chez les sujets traités par antipsychotiques pour schizophrénie, pourrait être l’inhibition de l’activité dopaminergique. 

Les hommes sont quasiment autant concernés que les femmes (55,7% versus 60,0% respectivement). Ils se plaignent surtout de dysfonction érectile (44%), de perte de libido (41%), de trouble de l’éjaculation (39%), alors que les symptômes sexuels et gynécologiques évoqués chez les femmes sont en premier lieu des troubles de l’orgasme (28%), suivis des aménorrhées (25%). 

Les auteurs notent que ces taux sont très élevés. À titre de comparaison, ils indiquent que les troubles érectiles  concernent 12% des hommes de moins de 60 ans aux États-Unis et 30% de ceux âgés de 70 ans et plus. La diminution de la libido touche quant à elle 10% des femmes et 5% des hommes.

« Quatre décennies d’études ont montré que les troubles sexuels étaient très fréquents chez les sujets schizophrènes. […] Ces études observationnelles [incluses dans la méta-analyse] suggèrent que l’optimisation du dépistage et du traitement de la dépression pourrait constituer une stratégie efficace pour améliorer la qualité de vie sexuelle des patients souffrant de schizophrénie », précisent les auteurs.

Plus la schizophrénie est ancienne, moins les troubles érectiles sont fréquents. En revanche, les troubles sexuels chez l’homme sont significativement plus fréquents chez ceux qui ont des troubles liés à la consommation d’alcool. Les sujets ayant reçu un diagnostic de schizophrénie présentent plus de dysfonctionnements sexuels que les sujets ayant des troubles schizo-affectifs. 

Selon les auteurs, la dépression concerne un tiers des patients schizophrènes. Les individus des études incluses dans la méta-analyse, et qui étaient traités par antidépresseurs ou stabilisateur de l’humeur, avaient significativement moins de risque d’avoir des troubles de l’érection et de l’éjaculation, sans pour autant que des différences significatives entre les classes d’antipsychotiques puissent se dégager. 

Le fait que les comorbidités telles que l’hypertension, le diabète, le surpoids, l’obésité, le tabagisme et les troubles du sommeil, facteurs contribuant aux troubles sexuels, n’aient pas été relevés par les études retenues pour la méta-analyse, constitue l’une des limitations de cette étude selon les auteurs.