Pas de bénéfice de la chélation du fer dans les premiers stades de la maladie de Parkinson

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Selon une étude de phase 2 randomisée versus placebo, chez des patients récemment diagnostiqués pour maladie de Parkinson et non traités par dopaminergiques, la défériprone ne permet pas de ralentir la progression, mais semble à l’inverse associée à une progression des symptômes moteurs.

  • Les résultats de neuro-imagerie montrent bien une réduction plus importante du contenu en fer dans les voies nigrostriatales sous traitement que sous placebo.

  • Au vu de l’ensemble des données, les auteurs suggèrent que la divergence précoce de l’évolution de la maladie en faveur du groupe placebo pourrait correspondre à un effet symptomatique négatif de la défériprone plutôt qu'à un effet accélérateur sur la progression de la maladie.

Pourquoi est-ce important ?

L'augmentation de la teneur en fer dans les neurones nigrostriataux a été impliquée dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson et la chélation du fer a été décrite comme apte à inhiber la mort cellulaire dans des modèles de la maladie de Parkinson. L’utilisation de la défériprone, un chélateur, a donc été envisagée dans la maladie de Parkinson. Deux petites études cliniques menées chez des patients déjà traités par dopaminergiques ont été conduites, qui ont toutes deux montré par IRM que la molécule réduisait l'accumulation de fer au niveau central. Mais les données concernant les scores moteurs étaient divergentes, certains ayant montré une absence de bénéfice, d’autres un bénéfice moteur du traitement. L’étude de phase 2 européenne FAIRPARK-II randomisée et contrôlée par placebo a évalué l'efficacité et l'innocuité de la défériprone chez des personnes récemment diagnostiquées et qui n’étaient pas traitées par des médicaments dopaminergiques.

Ses résultats doivent être considérés avec prudence, étant donné le taux notable d’abandons et le manque de diversité ethnique. Par ailleurs, les explorations devraient être poursuivies étant donné que les résultats avaient été différents chez les patients qui étaient déjà sous traitement dopaminergique.

Méthodologie

Cette étude a recruté des patients adultes qui avaient été diagnostiqués pour une maladie de Parkinson depuis moins de 18 mois et qui n’étaient pas encore sous dopaminergiques entre février 2016 et décembre 2019. Ils ont été randomisés (1:1) entre défériprone à libération retardée (15 mg/kg deux fois/j) ou un placebo pendant 36 semaines. L’évaluation des patients était conduite après 12, 24, 36 et 40 semaines. Un sous-groupe de patients a été soumis à une imagerie IRM à la 36e semaine.

Principaux résultats

Au total, 411 patients ont été recrutés (âge moyen 62,0 ans, 62-64% d’hommes selon le bras). L’ancienneté de leur premier symptôme moteur et de leur diagnostic était en valeur médiane de 419 jours et 102 jours respectivement.

À la 36e semaine de l’étude, 63,4% des patients du groupe défériprone et 88,7% du groupe placebo participaient toujours à l'essai, 22,0% et 2,7% d’entre eux ayant dû arrêter pour progression justifiant un traitement dopaminergique tandis que 13 et 6 participants respectivement l’avait arrêté pour événements indésirables.

Le score moyen de progression de la maladie MDS-UPDRS montre une progression de 15,6 points et 6,3 points avec la défériprone et le placebo respectivement (différence 9,3 points ; [6,3 -12,2], p<0,001).

Les niveaux de fer centraux ont été analysés par imagerie chez 78 et 70 des patients des deux groupes. Elle montre une diminution plus importante du contenu en fer au niveau de la voie nigrostriatale dans le groupe défériprone que dans le groupe placebo, et une évolutions contraire du volume des ganglions de la base (diminution sous placebo et augmentation sous défériprone). Par ailleurs, les taux de ferritine plasmatique ont davantage diminué et les taux de prolactine plasmatique ont davantage augmenté dans le groupe défériprone que dans le groupe placebo.

Enfin, 9,7% et 4,8% des patients de chaque bras ont eu des effets indésirables graves. Les autres troubles (généraux, psychiatriques) ont également été plus fréquents sous défériprone, tandis que les troubles musculo-squelettiques étaient moins fréquents.

Financement

Cette étude a été sponsorisée par le Programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne.