Pas d’écrans la nuit
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
L’Académie de médecine a fait le point sur l’impact de l’usage des écrans sur la santé des enfants et des adolescents. Elle ne se veut pas alarmiste, puisqu’elle reconnaît que « passé l’âge de trois ans, les écrans se révèlent, chez l’enfant, un remarquable outil de formation et d’éveil, pour peu qu’il soit encadré par les parents ou les éducateurs, et que l’accent soit mis sur son interactivité et son caractère ludique. » En revanche, elle met en garde contre un usage abusif, délétère à deux niveaux : rétinien (notamment pour les jeunes enfants), cérébral (notamment pour les adolescents) (voir aussi " Usage des écrans chez les adolescents : privateurs de sommeil ou aide à l’endormissement" - Univadis, 12 février 2023).
Au niveau rétinien
Les LED (diodes électroluminescentes) des écrans sont en candela par mètre carré mille fois plus lumineuses que les lampes à incandescence. Elles peuvent ainsi être phototoxiques pour la rétine.
De plus, elles ont un pic d’émission situé dans le bleu et proche du rayonnement ultraviolet, dont les effets délétères sont bien documentés. Ainsi, l’exposition chronique aux LED induit des lésions cellulaires particulièrement néfastes pour la rétine maculaire (qui assure la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée). Elle impose une photoprotection par des verres anti-UV et anti-lumière bleue, surtout chez les enfants et les adolescents, dont le cristallin est très translucide.
Elle est particulièrement néfaste la nuit : elle inhibe la régénération nocturne des photopigments rétiniens contenus dans les photorécepteurs, régénération qui devrait s’effectuer dans une obscurité totale.
Au niveau cérébral
Située dans l’hypothalamus, l’horloge interne pilote les processus biologiques cycliques d’une durée d’environ 24 heures. La bande bleue du spectre lumineux est la plus active sur cette horloge. Lors d’expositions chroniques à la lumière durant la nuit, y compris d’écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs), des troubles du rythme veille-sommeil apparaissent en lien avec une désynchronisation de l’horloge interne.
Or, de nombreux adolescents s’exposent aux écrans, y compris tard dans la nuit. Ainsi, selon une enquête de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), en Europe 30% d’entre eux communiquent en ligne. Il en résulte « un sommeil tardif, lié à une augmentation de la vigilance générée par un retard de phase de l’horloge et à une inhibition de la sécrétion de mélatonine, impliquée dans l’endormissement. »
Alors que les besoins de sommeil d’un adolescent sont estimés à environ 9 heures par nuit. Cette dette de sommeil a pour conséquence une fatigue le matin au lever (30% des collégiens et 40% des lycéens), une altération des capacités d’apprentissage par diminution de la vigilance et de l’attention et une baisse des résultats scolaires (31% jugent « stressant » le travail scolaire). Sont également notés des troubles de l’humeur et du comportement (violence, hyperactivité) et des perturbations métaboliques (surpoids) en lien avec l’inactivité physique et la consommation d’aliments sucrés, phénomènes que l’Académie associe au manque de sommeil et à l’usage abusif des écrans.
« Ces enfants et adolescents se trouvent ainsi dans un état de désynchronisation caractérisé par une dissociation dans laquelle le temps biologique (l’horloge interne) et le temps astronomique (la montre) sont dissociés de la vie sociale. » Cet état n’est pas compensé par la récupération du sommeil pendant le week-end.
Recommandations
L’Académie recommande :
- l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, en cas d’exposition prolongée aux écrans,
- la restriction, voire la proscription des écrans pendant la nuit,
- l’introduction dans le cursus scolaire d’une sensibilisation des élèves sur les risques liés aux écrans et sur l’importance du sommeil,
- la sensibilisation des parents à ces risques, la baisse des performances scolaires et le repli sur soi de leurs adolescents étant des signes d’alerte.
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