Partage d’expérience : un programme d’accompagnement nutritionnel et d’activité physique post-cancer

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • ONCOlife est un programme d’accompagnement diététique et d’activité physique destiné à des personnes qui ont eu un cancer ou qui vivent avec un cancer.
  • Ce programme mené sur 8 semaines permet d’augmenter significativement l’adhésion à une alimentation méditerranéenne et à une pratique régulière de l’activité physique.

Pourquoi est-ce important ?

En France, selon l’INCa (Institut National du Cancer), près de 3,8 millions d’individus vivaient avec un cancer en 2019 ou en étaient guéris. Les progrès techniques des dernières décennies contribuent à faire évoluer les cancers en maladies chroniques. La prévention des récidives et des maladies cardiométaboliques post-cancer s’appuie notamment sur l’optimisation des habitudes nutritionnelles et la pratique régulière d’une activité physique. Plusieurs freins à l’atteinte de niveaux suffisants notamment d’activité physique ont été identifiés, tels que la fatigue, l’état dépressif et la perception d’une incapacité physique. La e-santé peut favoriser l’accès à des spécialistes de la nutrition et de l’activité physique sur certains territoires et engager plus d’individus vers une meilleure alimentation et une pratique plus régulière de l’activité physique.

Méthodologie

Le programme en ligne ONCOlife a été créé par l’équipe de nutrition de l’hôpital Bichat, AP-HP, en collaboration avec le Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé (FFAS) et AG2R LA MONDIALE et co-construit avec des patients. Les individus recrutés pour cette étude, l’ont été via des associations de patients et des médecins oncologues. Le programme ONCOlife a été testé durant 8 semaines. ONCOlife est une application web semi-automatisée personnalisée qui comprend 10 parcours thématiques et des « lives » avec des experts. Un suivi anthropométrique (poids, taille, tour de taille) est également réalisé. Chaque parcours propose une mission à réaliser en s’appuyant sur des vidéos, quiz, jeux. Des contacts entre le patient et l’équipe soignante (médecins, diététiciens nutritionnistes et enseignants en activité physique adaptée) sont organisés via messagerie ou groupe de discussion. L’adhésion au programme a été mesurée par le nombre d’ouvertures du programme (≥10 fois/semaine étant considéré comme une très bonne adhésion, aucune semaine sans utilisation comme une bonne adhésion, <10 utilisations/semaine et une semaine ou plus sans utilisation comme une adhésion moyenne, et plus de 3 semaines sans utilisation comme un abandon).

Principaux résultats

Cette étude a inclus 47 patients (âge moyen 56 ans, 62% de femmes) guéris ou en rémission d’un cancer (sein (43%), côlon (23%), prostate (19%) et poumon (15%). Chez deux tiers des sujets, le cancer était associé à une autre pathologie chronique et près d’un patient sur deux était en surpoids.

Les chercheurs ont constaté une augmentation significative de l’adhésion au régime méditerranéen entre le début et la fin du programme (score 6,9 versus 8,7). La dépense énergétique liée à l’activité physique totale des patients a significativement augmentée entre le début et la fin du programme, sans corrélation avec l’adhésion ou non au régime méditerranéen. Les habitudes alimentaires (jugées par adhésion à la diététique méditerranéenne, questionnaire PREDIMED) et la pratique de l’activité physique (jugée par questionnaire IPAQ) ont été statistiquement améliorées.

L’adhésion au programme (fréquence d’utilisation) était globalement satisfaisante avec un taux de compliance de 79%.

Parmi les 45 individus qui ont répondu au questionnaire de satisfaction en fin d’étude, 98% se sont déclarés « satisfaits » ou « très satisfaits » du programme ONCOlife. La durée du programme a été jugée comme adaptée pour 69% d’entre eux, 27% auraient tout de même préféré un programme plus long. La fréquence des notifications (e-mail, SMS) a été jugée correcte et adaptée pour 71% des personnes interrogées.