Partage d’expérience autour de l’accompagnement des patients sous traitement oral pour leur cancer

  • Vazquez L & al.
  • Bull Cancer

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Le plan cancer 2014-2019 intègre certaines problématiques rencontrées par les patients, comme le manque d’information sur leurs traitements et sur les effets indésirables, de possibilités de communiquer avec un professionnel de santé sur les difficultés qu’ils peuvent rencontrer au quotidien. Pour contribuer à y remédier, il préconise la mise en de bonnes pratiques de mesures organisationnelles et de programmes d’éducation thérapeutique. 

 

Depuis près de 10 ans, l’Institut du Cancer Avignon-Provence (ICAP) organise des consultations pharmaceutiques pour mieux accompagner les patients traités par chimiothérapie orale. Sécuriser les prescriptions, anticiper la gestion des effets indésirables, améliorer l’adhésion et l’observance au traitement sont des objectifs qui ont conduit à la mise en place d’une Unité de Thérapie Orale (UTO) au sein de l’ICAP. Les professionnels impliqués dans la mise en place de cette UTO ont partagé leur expérience dans un article publié dans le Bulletin du Cancer.

 

Pourquoi avoir mis en place une Unité de Thérapie Orale dédiée ?

Cette unité a eu pour objectifs de répondre à deux problématiques : l’absence d’anticipation de l’immense majorité des consultations pour initiation d’une thérapie orale et le suivi des patients quasi exclusivement assuré par les pharmaciens.

Avec la mise en place de l’UTO, une primo-consultation est réalisée. Celle-ci répond à « une prise en charge tripartite » indiquée par la circulaire de gradation des soins avec consultation par un oncologue, un pharmacien et une infirmière diplômée d’état (IDE) d’annonce. Cette organisation vise une prise en charge complète et un suivi régulier du patient par l’IDE dédiée (contacts téléphoniques selon les besoins du patient, mise à disposition d’un numéro vert pour les patients).

 

Quels ont été les éléments déterminants de la mise en place de cette UTO ?

Deux enquêtes d’évaluation des besoins et des attentes ont été réalisées. L’une en juin 2019 a évalué les besoins et attentes des professionnels de santé (médecins de l’Unité Fonctionnelle de Sénologie et pharmaciens) et l’autre menée après la mise en place de l’UTO en septembre 2020 a permis de mesurer l’atteinte des objectifs et d’identifier les pistes d’amélioration.

La première enquête a mis en évidence que les professionnels de santé rencontraient surtout des problèmes logistiques et organisationnels : gestion des bilans sanguins (63%), lien avec la pharmacie de ville ou de l’ICAP (50-63%), gestion des appels téléphoniques (50%) et traçabilité informatique (44%). Les professionnels de santé ont aussi évoqué être plus de 80% à constater des erreurs de prise des traitements, et pour un quart d’entre eux, manquer d’information sur l’observance des patients. Ils sont presque 7 sur 10 à penser qu’une information plus poussée sur le traitement est essentielle pour une meilleure adhésion du patient à la prise en charge, la compliance et l’observance. Plus de 80% des professionnels estiment qu’une infirmière coordinatrice serait un vrai plus.

Les attentes des patients recueillies par la première enquête sont cohérentes avec un besoin d’accompagnement et d’information. Un patient sur deux évoque qu’il a déjà eu besoin de contacter un professionnel de santé en dehors des consultations, 32% d’entre eux s’être déjà trompés dans la prise de leur traitement et 65% auraient aimé recevoir une fiche d’information sur leur traitement.

Après la mise en place de l’UTO, la traçabilité de l’observance, la diminution des erreurs de prise des traitements et une meilleure information du patient sont les points essentiels qui ont été relevés.

L’immense majorité des professionnels de santé interrogés ont estimé que cette organisation apportait une meilleure information sur l’observance des patients (80% des professionnels interrogés) et diminuait le risque de mésusage du traitement (70%).

Pistes d’amélioration

Après mise en place de l’UTO, les questionnaires de retour de la seconde enquête ont souligné qu’il est encore important d’optimiser l’information du patient et la coordination entre les professionnels de santé. Les patients ont également suggéré la mise en place d’une application numérique dédiée à leur traitement et à leur suivi.