Paludisme : un million d’enfants déjà vaccinés

  • Marie Torre
  • Actualités Médicales
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Plus d’un million d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi ont reçu au moins 1 dose du premier vaccin antipaludique recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le paludisme a été responsable en 2019 de 229 millions de cas et 409.000 décès, dont 67% chez les enfants de moins de 5 ans. (1) L’OMS estime que le déploiement à grande échelle du premier vaccin antipaludique pourrait sauver la vie de 40.000 à 80.000 enfants chaque année sur le continent africain.

 

Le premier vaccin antipaludique disponible

Depuis octobre 2021, l’OMS recommande l’utilisation généralisée du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 (RTS,S) chez les enfants en Afrique subsaharienne et dans les régions où la transmission du paludisme à Plasmodium falciparum est modérée ou forte. (1)  Ce vaccin contient également une valence contre l’hépatite B. Il est indiqué chez les enfants âgés de 6 semaines à 17 mois pour une immunisation active contre le paludisme causé par P. falciparum et contre l'hépatite B. Trois doses de vaccin sont administrées chacune à 1 mois d’intervalle, puis une 4ème dose 18 mois après la dernière injection. (2)

 

Il a été démontré que le vaccin réduisait la morbidité et la mortalité palustres chez le jeune enfant. (1) Néanmoins, il cible le parasite P. falciparum seul et doit être utilisé en complément des autres mesures de prévention du paludisme. (3)

Le paludisme, ou malaria, est dû aux parasites unicellulaires du genre Plasmodium transmis à l'Homme par les moustiques femelles du genre anophèle. Il existe 5 espèces de Plasmodium responsables de la maladie chez l’Homme :

  • Plasmodium falciparum, espèce la plus fréquente et responsable des formes graves ;
  • Plasmodium vivax, également assez répandue ;
  • Plasmodium malariae, peu létale mais avec rechutes possibles jusqu’à 20 ans après la primo-infection ;
  • Plasmodium ovale, peu létale mais avec rechutes possibles 4-5 ans après la primo-infection ;
  • Plasmodium knowlesi, découverte récemment chez le singe (macaque à longue queue) et pouvant être transmise à l’Homme. (2,3)

 

De nouveaux enjeux

De nouvelles technologies et des outils prometteurs sont en cours de développement.

  • Nouveaux vaccins : vaccin R21/Matrix-M (conçu contre P. falciparum et potentiellement plus efficace), vaccin à ARNm ;
  • Dans la lutte contre les moustiques vecteurs : pulvérisations spatiales, techniques de forçage génétique pour propager une mutation d'intérêt, nouveaux types de moustiquaires imprégnées d’insecticide ;
  • Nouveaux médicaments : destinés à traiter les cas de paludisme sans complication, à prévenir le paludisme à P. vivax chez les enfants... (1)

Si tout ceci semble prometteur, l’OMS relève d’autres menaces urgentes dans la lutte contre le paludisme :

  • La résistance des moustiques aux insecticides ;
  • La propagation du moustique Anopheles stephensi dans les zones urbaines et rurales ;
  • L’apparition de parasites P. falciparum mutés qui entravent l’efficacité des tests de diagnostic rapide…

 

Et en France…

La Guyane française est le seul département français où la transmission du paludisme est active, essentiellement le long des deux fleuves frontières, dans les communes de l’intérieur et dans quelques foyers sur le littoral en dehors des villes. (2,3) Le vaccin antipaludique n’y est pas recommandé. (4)

Mayotte a été déclarée par l’OMS en phase d’élimination du paludisme en 2014, mais il existe une recrudescence des cas autochtones depuis 2016. A la Réunion, le paludisme autochtone a été éradiqué en 1979 et des cas importés sont déclarés chaque année. En métropole, si l’incidence annuelle de cas autochtones demeure extrêmement faible, les cas de paludisme importés sont importants (5.540 en 2019). (5,6)