P-tau217, un marqueur plasmatique plus performant pour le diagnostic précoce de maladie d’Alzheimer
- Palmqvist S & al.
- JAMA
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- À partir des données transversales de 3 cohortes représentant 1.402 sujets, la protéine tau phosphorylée sur la thréonine 217 (P-tau217) s’est montrée capable de distinguer les sujets ayant une probabilité intermédiaire ou élevée de maladie d’Alzheimer (MA) de ceux n’en ayant pas.
- Elle a également permis de discriminer les sujets MA de ceux atteints d’autres maladies neurodégénératives, et ceci avec une précision diagnostique supérieure aux marqueurs plasmatiques déjà connus et au PET-Scan utilisant un traceur de la protéine tau.
- Cette précision s’est avérée similaire à celle obtenue par les marqueurs du liquide céphalorachidien (LCR) ou au PET-Scan.
- Ces résultats doivent maintenant être confirmés au sein de plus larges populations.
Pourquoi est-ce important ?
Les projections prévoient une prévalence mondiale de 100 millions de personnes atteintes de MA dans le monde à l’horizon 2050. Pour l’heure, les marqueurs dont on dispose sont ceux présents dans le LCR ou à l’imagerie, coûteux et peu aisés à mettre en œuvre. Aussi, la disponibilité de marqueurs plasmatiques permettant de diagnostiquer la maladie de façon rapide et fiable est-elle fortement attendue. Plusieurs candidats sont déjà en lice comme P-tau181 ou le rapport Aß42/Aß40. Une équipe suédoise s’est intéressée à la précision diagnostique de P-tau217 comme marqueur plasmatique de MA
Méthodologie
L’étude a pris en compte des données transversales de 3 cohortes, la première américaine ayant inclus des sujets atteints de MA, la seconde suédoise ayant inclus des patients atteints de troubles cognitifs légers (TCL), de démence Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives, et la troisième colombienne ayant inclus des patients atteints de formes autosomiques dominantes de MA (notamment porteurs de la mutation PSEN1 E280A), ainsi que des sujets témoins. L’objectif était d’évaluer la précision diagnostique du marqueur plasmatique P-tau217, par comparaison aux marqueurs plasmatiques, du LCR et d’imagerie déjà connus.
Résultats
- L’âge moyen était très variable d’une cohorte à l’autre (83,5, 69,1 et 35,8 ans pour les cohortes 1, 2 et 3 respectivement), de même que la proportion de femmes (38%, 51%, et 57%).
- Au sein de la cohorte 1 (n=81, dont 42% avec une probabilité intermédiaire ou élevée de MA selon les critères du National Institute on Aging-Reagan Institute tenant compte de la charge en plaques amyloïdes et en dégénérescences neurofibrillaires), les taux plasmatiques de P-tau217 mesurés avant le décès permettaient de distinguer les patients Alzheimer de ceux qui ne l’étaient pas (aire sous la courbe -ASC- de 0,89 [0,81-0,97], 85% correctement classés), avec une précision supérieure à celles obtenues avec les marqueurs plasmatiques P-tau181 ou les chaînes légères de neurofilament (LNF) (ASC 0,72 [0,60-0,84] et 0,50 [0,37-0,63] respectivement), la différence étant significative pour les LNF (p<0,001). La discrimination était encore plus fiable pour les patients à haute probabilité de MA (ASC 0,98 [0,94-1,00]), avec une différence significative par rapport aux deux autres marqueurs et une bonne corrélation avec la dégénérescence neurofibrillaire tau retrouvée post-mortem chez les patients MA (mais pas non-MA).
- Au sein de la cohorte 2 (n=699, 25% TCL, 17% démence Alzheimer, 14% autres maladies neurodégénératives, 43% contrôles), ce même marqueur a également permis de discriminer les sujets atteints de MA, de ceux atteints d’autres maladies neurodégénératives (ASC 0,96 [0,93-0,98], 89% correctement classés), avec une meilleure précision diagnostique que celle obtenue avec les taux plasmatiques de P-tau181, de LNF ou les mesures de l’épaisseur corticale et du volume hippocampique en IRM (ASC comprises entre 0,50 et 0,78), avec des différences significatives à chaque fois.
- La précision diagnostique de P-tau217 plasmatique n’était pas significativement différente des taux mesurés dans le LCR pour P-tau217, P-tau181 ou de celle obtenue par PET-Scan tau (ASC comprises entre 0,90 et 0,99, p>0,15).
- Au sein de la cohorte 2, P-tau217 s’est montré capable de distinguer les sujets qui présentaient des anomalies au PET-Scan réalisé avec un traceur de la protéine tau (vs ceux sans anomalie), et ceci avec une meilleure précision (ASC 0,93 [0,91-0,96]) que les marqueurs plasmatiques P-tau181 et LNF, que les marqueurs du LCR P-tau181 et le rapport Aß42/Aß40, ou encore que l’IRM (ASC comprises entre 0,67 et 0,90, p>0,05), mais sans différence significative par rapport au P-tau217 du LCR (AUC 0,96 [0,94-0,97], p=0,22).
- Enfin, au sein de la cohorte 3 (n=622 dont 59% porteurs de la mutation PSEN1), les taux plasmatiques de P-tau217 étaient significativement plus importants chez les porteurs de la mutation PSEN1 par rapport à ceux qui en étaient exempts.
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