Oui ! La prise en charge actuelle de la maladie de Crohn a un impact sur son évolution
- Ley D & al.
- Clin Gastroenterol Hepatol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article

À retenir
Une étude a utilisé les données du registre EPIMAD pour suivre pendant 26 ans l’évolution de sujets atteints de maladie de Crohn (MC) durant l’enfance. Il s’agit de la plus large cohorte ayant évalué l’impact de l’arrivée des immunosuppresseurs et des anti-TNF sur l’évolution de la maladie diagnostiquée chez l’enfant.
- L’exposition à 5 ans aux immunosuppresseurs et aux anti-TNF a fortement augmenté au cours de la période de l’étude (1988-2013), reflétant l’arrivée sur le marché français de ces médicaments.
- Cette évolution a été associée à une diminution significative sur la même période du taux de résection intestinale chez l’enfant.
Pourquoi est-ce important ?
L’incidence pédiatrique de la MC a fortement augmenté au cours des dernières décennies. Elle représente aujourd’hui 10% de l’ensemble des cas de MC. Chez les enfants, la maladie s’avère plus sévère, en atteste le fait que jusqu’à la moitié d’entre eux nécessitent une chirurgie dans les 10 ans post diagnostic. Par ailleurs, la survenue de cette maladie impacte fortement le développement staturo-pondéral de l’enfant.
Méthodologie
Le registre EPIMAD a inclus des individus âgés de moins de 17 ans atteints de MC entre 1988 et 2011. Ils ont tous été suivis rétrospectivement en 2013. Trois périodes diagnostiques ont été définies : 1988-1993 (P1, période durant laquelle les traitements immunosuppresseurs n’étaient pas encore commercialisés en France), 1994-2000 (P2, période avant la commercialisation des anti-TNF en France) et 2001-2011 (P3, période durant laquelle les traitements anti-TNF étaient commercialisés en France).
Principaux résultats
Entre 1988 et 2011, 1.007 sujets ayant reçu le diagnostic de MC avant l’âge de 17 ans ont été inclus dans le registre EPIMAD. Ils ont été suivis durant une période médiane de 8,8 ans [4,6-14,2]. Au global, 44,8% étaient de sexe féminin et leur âge moyen au diagnostic était de 14,5 ans. 16,7% des sujets ont été inclus durant la période P1, 25,8% en P2 et 57,5% en P3.
Le taux de nutrition exclusivement par voie entérale a augmenté au cours de la période de l’étude, passant de 10,5% en P1 à 24,4% en P2, et le taux de sujets sous corticoïdes par voie intraveineuse est resté stable entre P1 et P3 (respectivement 72,3% et 66,1%).
Le taux à 5 ans d’exposition aux immunosuppresseurs a augmenté durant la période de l’étude, passant de 33,9% en P1 à 76,5% en P3 et le taux d’exposition à 5 ans aux anti-TNF est passé de 0% en P1 à 50,5% en P3.
Parallèlement, le taux de résection intestinale a fortement diminué, passant de 35% en P1 à 31% en P2 et 22% en P3, p=0,0003.
Et si l’on compare l’ensemble des données avant la mise sur le marché des anti-TNF à la période ayant suivi leur mise sur le marché, le risque de résection intestinale est passé de 32% (P1+P2) à 22% en P2 (p=0,0007, p-tendance = 0,0007).
Le risque de progression vers une sténose a également significativement diminué durant la période de l’étude passant de 27% en P1, 28% en P2 à 20% en P3 (p=0,11, p-tendance=0,041). En revanche, aucune modification significative n’a été mise en évidence concernant l’incidence cumulée à 5 ans de la progression d’une forme inflammatoire vers une forme pénétrante. Le taux à 5 ans, d’hospitalisation pour poussée inflammatoire est également resté stable sur l’ensemble de la période de l’étude (P1 31%, P2 31% et P3 29%, p=0,76, p-tendance=0,53).
Principales limitations
Données rétrospectives.
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