Organisation des soins de santé de l’enfant en France : une situation préoccupante ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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L’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) a publié un rapport évaluant l’organisation des soins de santé de l’enfant en France.

Un panorama préoccupant des professionnels de santé de l’enfant

Ce rapport met notamment en évidence que les différentes composantes de la médecine de l’enfant sont en crise :

  • La pédiatrie libérale connaît un recul démographique important et l’âge moyen des pédiatres libéraux laisse présager une aggravation de la situation puisque 44% d’entre eux ont plus de 60 ans. De plus, leur répartition est inégale sur le territoire (8 départements comptent moins d’un pédiatre pour 100.000 habitants). À cela s’ajoute la contraction des effectifs médicaux de la PMI et de la médecine scolaire, dont le rôle préventif est essentiel, en particulier auprès des plus précaires.
  • En conséquence, les médecins généralistes jouent un rôle important et croissant dans la prise en charge des enfants, en assurant plus de 85% des consultations de ville des moins de 16 ans. Cependant, leur formation à la médecine de l’enfant reste hétérogène et insuffisante au regard de ce rôle prépondérant.
  • L’évolution démographique de la pédiatrie hospitalière et de la chirurgie pédiatrique, réalisées très majoritairement à l’hôpital public, est plus satisfaisante mais leur attractivité décline auprès des étudiants, en raison d’une charge de permanence et de continuité des soins particulièrement importante.
  • Les professions paramédicales de l’enfant, telles que les infirmières puéricultrices et les auxiliaires de puériculture, sont insuffisamment mobilisées et valorisées.
  • La pédopsychiatrie rencontre actuellement des difficultés pour prendre en charge les troubles de la santé mentale des enfants et des adolescents générés par le contexte du COVID-19, ce qui retentit sur l’activité de la pédiatrie.
  • La coordination des acteurs de santé de l’enfant reste un objectif insuffisamment concrétisé, notamment entre médecine de ville et hôpital.

Un manque de lisibilité pour les parents

Les parents n’identifient pas clairement le rôle de chacun des acteurs et connaissent mal les dispositifs de suivi tels que les examens obligatoires ou le médecin traitant de l’enfant. Les modalités de prévention ne parviennent pas, sauf exception, à toucher l’ensemble des enfants, et les inégalités sociales et territoriales en santé restent marquées.

La méconnaissance de l’offre en santé pédiatrique constitue l’un des facteurs de recours aux urgences hospitalières qui est particulièrement élevé pour les enfants, comparé à la population adulte, et n’est pas toujours pertinent.

Un nouveau modèle de prise en charge ?

Dans ce rapport, un nouveau modèle de prise en charge des enfants est proposé :

  • Développer l’exercice des infirmières puéricultrices en ville, en particulier en matière de prévention ;
  • Repositionner les rôles respectifs des médecins généralistes et des pédiatres de ville, en renforçant le rôle de recours et d’expertise des pédiatres et en reconnaissant le rôle des médecins généralistes parallèlement au renforcement de leur formation dans ce domaine ;
  • Recentrer la pédiatrie hospitalière et la chirurgie pédiatrique sur un rôle de recours et améliorer l’attractivité des professions médicales et paramédicales de l’enfant à l’hôpital ;
  • Généraliser les coopérations territoriales pour organiser des parcours de soins pédiatriques et garantir ainsi le suivi de l’ensemble des enfants.