Onze ans pour optimiser les soins des personnes âgées fragiles

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

En mai 2018, le HCAAM (Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie) publiait un avis sur « la stratégie de transformation de notre système de santé » qui constitue aujourd’hui une référence majeure pour nombre d’acteurs. Il en propose à présent un « approfondissement » portant sur les évolutions souhaitables d’ici 2030 en ce qui concerne les personnes âgées « fragiles ou en perte d’autonomie ».

La date butoir n’a pas été choisie par simple commodité : c’est celle à laquelle les premières personnes de la génération du babyboom atteindront leurs 85 ans, soit l’âge moyen d’entrée en EHPAD observé actuellement. D’ici là, la part des 65-84 ans aura fortement augmenté dans la population . Or dans cette tranche d’âge, si la fréquence des problèmes de santé augmente, la capacité d’autonomie est en général conservée. C’est la raison pour laquelle le HCAAM estime qu’il y a une « fenêtre d’opportunité » pour adapter la prise en charge des personnes âgées fragiles par le système de santé.

L’institution reprend ses principales préconisations de mai. En premier lieu, elle estime qu’il faut partir non de l’offre disponible, mais des services attendus par la population. Ici il s’agit essentiellement de disposer d’un accompagnement permettant à la personne de rester le plus longtemps possible à domicile, celui-ci devant être entendu dans un sens large (par exemple, logement dans une résidence collective), tout en garantissant la continuité des soins quel que soit le lieu de prise en charge.

Le HCAAM note le contraste entre la « diminution temporaire de la densité de médecins » et le dynamisme de la démographie des autres professions de santé, sur lequel il faut s’appuyer en fonction des réalités locales. Il constate le « grand nombre d’intervenants impliqués dans le traitement et le suivi des malades », qui peut aller jusqu’à 30 professionnels de santé différents associés à 4 professionnels du social. Aussi, autre préconisation forte de l’avis de mai, l’offre de proximité doit être structurée, en particulier à partir du « bassin de vie » au sens de l’INSEE.

Le maître mot est celui de coordination, que le HCAAM estime être une « mission à part entière des offreurs de soins eux-mêmes, »  pour laquelle ils doivent être aidés par le développement de métiers d’appui et des outils numériques.

Une part importante du texte est consacrée aux EHPAD, notant en préliminaire que la question des listes d’attente, majeure il y a dix ans, « a quasiment disparu. » Pour les auteurs de l’avis, la crise actuelle est due en particulier au bouleversement du projet initial, largement social, par les changements de la population accueillie, en particulier le nombre élevé de personnes ayant des maladies neurodégénératives avec troubles du comportement importants. Cette évolution implique une charge en soins croissante et de plus en plus de difficultés pour le personnel à prodiguer des relations humaines de qualité. Le texte promeut des EHPAD proposant une diversité d’activités, y compris à des non-résidents, centrées sur les personnes les moins autonomes.

Avant d’y revenir dans un avis qui sera publié en 2019, le HCAAM estime que les rôles des professionnels de santé doivent évoluer. Ainsi, celui du médecin traitant doit se concentrer sur l’expertise médicale, celui de l’infirmière sur l’accompagnement et celui du pharmacien sur le conseil associé à la dispensation.

Enfin le HCAAM promet de revenir vers des questions non abordées dans le texte, mais majeures : le niveau de solvabilisation des dépenses liées au grand âge (en bref, qui paie quoi ?) et la cohérence des tarifications entre domicile et établissements publics et privés.