Oncologie : vers une médecine de précision, individualisée et efficiente

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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Les progrès technologiques et la recherche en génomique ont permis grâce au profil génétique des tumeurs de définir plus de 200 types et sous-types de cancers. Le séquençage à haut débit et la recherche d’anomalies moléculaires sont maintenant utilisés en clinique comme biomarqueurs et amènent à une médecine individualisée. Ces biomarqueurs ont une valeur diagnostique, pronostique et théranostique. En France, le dernier Plan Cancer (2021-2030) soutient un large accès en clinique à l’ensemble des biopsies liquides qui ouvrent à la médecine de précision. Un article publié dans le Bulletin du Cancer revient sur cette révolution en marche.

 

 

ADN circulant total, ADN tumoral circulant, cellules tumorales circulantes, micro-ARNs

De nouveaux biomarqueurs (ADN tumoral circulant, cellules tumorales circulantes, micro-ARNs circulants, …) apparus au cours de la dernière décennie sont des outils utilisés notamment pour évaluer l’efficacité, la résistance au traitement, évaluer le pronostic, et pourraient contribuer au dépistage précoce. L’ADN circulant total est libéré dans le sang en conditions physiologiques suite à la mort cellulaire par apoptose ou nécrose ou sécrétion active. Celui-ci reflète différents processus physiologiques (grossesse) ou pathologiques (maladies inflammatoires, septicémie, AVC, cancer, …). Une faible proportion d’ADN circulant total dérivé de cellules tumorales, porte au moins une altération génétique ou épigénétique liée à la tumeur et nommé l’ADN tumoral circulant (ADNtc). L’ADNtc offre une représentation génétique de la tumeur chez un patient donné. Libéré par la tumeur primaire et les métastases, il contient toujours les anomalies génomiques du tissu tumoral d’origine. Certaines de ces altérations peuvent permettre de comprendre la résistance à certains traitements. Les cellules tumorales circulantes (CTCs), quant à elles, sont des cellules relarguées par la tumeur primaire et les métastases. L’expression des micro-ARNs (miARN), petites molécules d’ARN non codants, est fréquemment dérégulée en cas de cancer et peut intervenir à distance de la tumeur primaire au cours de la formation de métastases. 

La biopsie liquide permet de détecter la présence d’ADN tumoral circulant, de cellules tumorales circulantes, d’ARN tumoral circulant, de micro-ARNs et d’exosomes (petites vésicules lipidiques qui encapsulent les miARN).

 

Une révolution est en marche

La généralisation du séquençage haut débit à partir des biopsies liquides constitue une évolution majeure. La biopsie liquide (sur échantillon sanguin ou urinaire parfois) permet en effet d’accéder à une cartographie plus large et plus complète de la tumeur que ne le permet une biopsie tissulaire, avec l’avantage de ne pas être invasive. Elle donne des indications qualitatives (nature et type de lésions génomiques) et quantitatives (dynamique de la tumeur), et ce bien avant la détection standard radiologique. Depuis 2016, l’identification de l’ADNtc à partir de biopsie liquide est une alternative à la biopsie conventionnelle dans le cancer bronchique non à petites cellules. Elle permet de suivre l’évolution de la tumeur, de rechercher d’éventuelles mutations de résistance dans un contexte de progression ou de récidive tumorale.

 

Les perspectives

Les progrès de la recherche en oncologie ouvrent vers l’émergence de nouveaux biomarqueurs tumoraux du diagnostic précoce, de la prédiction et de la détection de récidive et de la résistance thérapeutique. Le recours à de grandes bases de données et à l’intelligence artificielle favorise le développement – encore balbutiant - de score composites clinico-biologiques qui pourront être utilisés en pratique clinique pour le diagnostic et le pronostic.