Omicron : les autotests sont-ils fiables ?
- Anne-Gaëlle Moulun
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Pour effectuer correctement un autotest, « il faut avoir une demi-heure devant soi et prendre son temps pour le faire sereinement », recommande le Dr Carbonneil. Il faut également le réaliser à température ambiante, donc pas en extérieur. Alors que l’agence américaine des médicaments (FDA) a récemment remis en cause la sensibilité des tests antigéniques dans la détection du variant Omicron, la question de la fiabilité des autotests se pose. Le Dr Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels à la Haute autorité de santé (HAS) donne des éclaircissements à Medscape.
Sensibilité plus basse chez les asymptomatiques
Dans un communiqué publié le 28 décembre 2021, la Food and Drug administration (FDA) a averti que les tests antigéniques pour dépister le Covid-19 seraient moins sensibles au variant Omicron qu’aux variants précédents. « Des données préliminaires suggèrent que les tests antigéniques détectent bien le variant Omicron, mais avec une sensibilité réduite », indique ainsi la FDA, en précisant toutefois qu’elle continue à en autoriser l’usage, à condition de suivre scrupuleusement les indications précises d’utilisation.
Si l'on se base sur les chiffres de la Haute Autorité de santé (HAS), un test antigénique détecte le virus dans 80% des cas, s'il est effectué par un professionnel de santé et que le patient est symptomatique. « Selon les études, on est entre 82,5 et 96%, précise le Dr Cédric Carbonneil. Seuls les tests qui présentent une sensibilité supérieure à 80 % peuvent être utilisés sur le territoire français », rappelle-t-il.
Mais chez les asymptomatiques, les sensibilités sont plus basses, du fait d’une charge virale plus faible. « Selon les études, nous observons des sensibilités entre 49 et 61%. Ce sont des valeurs globalement supérieures à la valeur de 50% que nous nous sommes fixés pour qu’un test puisse être utilisé dans un dépistage », explique-t-il.
« Chez les asymptomatiques, nous sommes dans une logique de dépistage. On peut compenser la sensibilité plus basse par une répétabilité du test, une facilité d’emploi et une acceptabilité par les personnes afin de toucher le plus de monde possible. C’est pour cela que la HAS a proposé les autotests antigéniques à prélèvement nasal dans des contextes de dépistage », déclare le Dr Carbonneil.
Respecter la profondeur du prélèvement nasal
Qu’en est-il de la fiabilité des autotests s’ils ne sont pas effectués par un professionnel de santé ? « La différence entre test antigénique à TROD et autotest, c’est la façon dont ils sont validés et l’information associée, mais l’outil ne change pas. Lorsque le test est effectué correctement, il n’y a pas de différence significative de performance », tient-il à rassurer.
Ensuite, il faut bien se laver les mains avant de commencer et suivre à la lettre les indications portées sur la notice du fabricant. « Il faut notamment respecter la profondeur du prélèvement nasal : certains se font sur 2 cm, d’autres sur 3-4 cm ». Lorsque le résultat est apparu, il conseille de « prendre une photo du test afin de pouvoir aller voir un pharmacien pour lui demander des informations complémentaires en cas de besoin ».
Études contradictoires
Il rappelle par ailleurs qu’en cas de résultat positif, « un autotest doit systématiquement être confirmé par un test en laboratoire, par RT-PCR ».
Concernant la fiabilité des tests par rapport au variant Omicron, le Dr Carbonneil dit « rester prudent ». « Nous avons très peu de données pour le moment. La FDA a émis une position informant que, sur des données préliminaires, une baisse de sensibilité des tests antigéniques avait été observée, tout en recommandant de continuer à les utiliser. Ce sont des injonctions paradoxales. De plus, elle n’a pas communiqué sur le type de tests concernés, sur la méthode utilisée et sur combien de perte de sensibilité elle a pu observer. Nous souhaitons rester prudents car la littérature est contradictoire », insiste-t-il. Ainsi, une étude suisse a rapporté des pertes de sensibilité, mais en utilisant du variant Omicron cultivé sur des cellules en laboratoire et non des prélèvements issus de patients. Une autre étude, australienne cette fois, ne rapporte pas de baisse de sensibilité. « Pour le moment nous avons des études divergentes sur la sensibilité analytique, il faudra vérifier si on observe des pertes de sensibilité clinique ou pas. Nous avons besoin de plus de données pour nous positionner », conclut le Dr Carbonneil.
En attendant, la HAS reste sur son avis rendu le 30 décembre permettant aux cas contact vaccinés de remplacer la quarantaine systématique par une surveillance active par autotest.
Cet article a été écrit par Anne-Gaëlle Moulun et initialement publié sur le site internet Medscape.
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