Observance des biothérapies : déterminants et leviers d’action

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les anticorps monoclonaux ont permis d’améliorer le pronostic de différentes pathologies chroniques respiratoires, digestives ou rhumatismales. Cependant, malgré la promesse d’un meilleur contrôle de ces maladies, l’observance thérapeutique reste hétérogène. La Revue des Maladies respiratoires propose une revue générale rappelant les différentes dimensions de la problématique et la façon d’optimiser l’adhésion des patients à leur traitement.

Observance, persistance et adhésion : quelques rappels

L’adhésion (ou adherence en anglais) correspond à une appropriation réfléchie de la part du patient de la prise en charge de sa pathologie et de ses traitements avec une volonté de persister dans la mise en pratique d’un comportement prescrit. L’observance (ou compliance en anglais) est la capacité du patient à suivre les prescriptions du médecin qu’elles soient médicamenteuses ou en rapport avec une hygiène de vie. Elle peut fluctuer dans le temps, mais est considérée comme bonne lorsque le patient respecte au moins 80% des prises. Enfin, la persistance correspond au délai entre l’initiation du traitement et son arrêt.

Il existe une corrélation entre les trois notions. L’adhésion est la plus difficile à objectiver. L’observance, quant à elle, peut être évaluée par des mesures directes (dosages biologiques...) ou indirects (renouvellement des prescriptions, questionnaire...).

Quelques chiffres issus de la littérature

La difficulté des données publiées est qu’il n’est pas possible de comparer les études entre elles, étant donné la disparité des outils de mesure utilisés.

Pour autant, les études ayant comparé l’observance de plusieurs biothérapies dans le cadre d’une même étude ont permis d’établir quelques observations : dans les rhumatismes inflammatoires chroniques, les biothérapies seraient mieux observées que le méthotrexate, mais avec des taux moyen de 60%. Dans la sclérose en plaques, l’observance des interférons serait d’environ 80%. Dans l’asthme sévère, l’observance de l’omalizumab flucturait entre 43 et 91% selon les études.

Il semble par ailleurs selon certaines études que les biothérapies ayant un rythme d’injection plus espacé ou ayant une efficacité plus prononcée sont associées à une meilleure observance.

Déterminants et leviers d’action

Selon les pathologies, différents facteurs favorisant la non-observance ont été identifiés et recensés dans la littérature : des facteurs liés au patient (un jeune âge en rhumatologie, le niveau social et la mauvaise connaissance de la maladie dans l’asthme…), à la maladie (la présence de comorbidité, le faible niveau de douleur ressenti en rhumatologie...), -au traitement (l’auto-administration, la fréquence des prises ou la polymédication en rhumatologie, la distinction entre traitement de fond et de crise dans l’asthme, leur mauvaise manipulation…) ou à la relation médecin-patient (le manque d’écoute, de soutien ou de disponibilité influence la relation,….).

Afin d’optimiser l’observance, plusieurs éléments semblent importants :

- une évaluation multidisciplinaire permettant une évaluation à la fois médicale et psychosociale de la prise médicamenteuse. Cette dernière permet d’intégrer les capacités du patient en termes de coping (permettant de s’adapter) ou de locus of control (croyance et appréciations de leurs capacité à réussir) … Le médecin, l’infirmière et le pharmacien peuvent tous jouer un rôle.

- une évaluation initiale et répétée de façon périodique. Les profils de patients à risque de moins bonne observance peuvent recevoir une attitude particulière. Les représentations des patients et leurs expériences antérieures en termes de maladie et de traitement doivent être évaluées et prises en considération car elles peuvent influencer l’approche à mettre en œuvre. Il s’agit aussi de repérer ceux qui ont besoin d’être actifs et ceux qui préfèrent une certaine ‘autorité’ médicale.

- l’éducation thérapeutique est une approche décrite comme efficace dans la littérature, car il existe une association entre l’implication du patient et son adhésion au traitement.

- les outils technologiques (applications, rappels de prises, sites dédiés…) peuvent apporter une aide précieuse dans la conduite du traitement au quotidien.