Obésité et maladie inflammatoire des intestins : alors, une association ou pas ?
- Chan SSM & al.
- Clin Gastroenterol Hepatol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Des chercheurs français ont contribué à une étude internationale qui a exploré l’association entre l’obésité (IMC≥30 kg/m2) et le risque de maladie de Crohn (MC) ou de rectocolite hémorragique (RCH). Les analyses montrent que :
- l’obésité serait effectivement associée à un surrisque de MC de 34% par rapport aux sujets ayant un IMC normal ;
- chez les jeunes adultes, le surrisque de MC serait de 22% pour chaque augmentation de l’IMC de 5 kg/m2 ;
- aucune association n’a été mise en évidence entre obésité et risque de RCH.
Ces données sont importantes notamment compte tenu de l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Sachant que celle-ci est un facteur de risque majeur de développement de maladies inflammatoires. L’hypertrophie adipocytaire conduisant à des états pro-inflammatoires par sécrétion de médiateurs spécifiques tels que le TNF-alpha et la protéine-C réactive. Au niveau intestinal, l’obésité est également associée à l’augmentation des marqueurs de l’inflammation intestinale comme la calprotectine fécale et à l’augmentation de la perméabilité intestinale. Cependant, malgré la connaissance de ces éléments, l’association entre obésité et risque de MC ou de RCH n’avait jamais pu être démontrée auparavant sur une population aussi large.
Méthodologie
Les données anthropométriques (IMC, tour de hanches), ainsi que des facteurs de mode de vie issus de 5 cohortes prospectives ont été poolés. Le diagnostic de MC et RCH a été confirmé à partir de données médicales et en utilisant une définition validée.
Principaux résultats
Sur les 601.009 participants âgés de 18 à 98 ans (10 millions de personnes-années pour un suivi moyen de 16 ans, 71% de femmes), 563 cas incidents de MC et 1.047 de RCH ont été identifiés. Le taux d’incidence était de 6 cas/100.000 personnes-années pour la MC et de 10 cas/100.000 personnes-années pour la RCH.
Après ajustement sur les facteurs potentiels de risque de MC (tabagisme, activité physique, alimentation), l’obésité à l’inclusion était associée à une augmentation de 34% du risque de développer une MC (Hazard ratio ajusté poolé (HRa) 1,34 [1,05-1,71], I2=0%) par rapport aux sujets ayant un IMC normal.
Chaque augmentation de l’IMC de 5kg/m2 augmentait le risque de MC de 16% (1,16 [1,05-1,22], I2=0%). Aucune association de ce type n’a pu être mise en évidence avec la RCH.
Les chercheurs ont évalué l’association en fonction de l’âge des participants au moment du diagnostic de la maladie inflammatoire chronique des intestins et ont montré que le risque de MC en cas d’obésité (versus un IMC normal) était augmenté de 35% et de 66% chez ceux qui respectivement avaient entre 40 et 59 ans et 60 ans et plus.
Spécifiquement chez le jeune adulte, chaque gain d’IMC de 5 kg/m2 entre 18 et 20 ans était associé à un risque de MC augmenté de 22% (HRa 1,22 [1,05-1,40], I2=0%).
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