Obésité : les thérapies du microbiote peuvent-elles constituer un traitement adjuvant ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une méta-analyse montre que la consommation de probiotiques permet de diminuer le tour de taille, d’améliorer la glycémie à jeun, l’insulinémie à jeun, l’hémoglobine glyquée et l’insulinorésistance chez des patients atteints de diabète de type 2 (DT2). 

  • Les prébiotiques avaient globalement des effets comparables, hormis sur le tour de taille (effet nul) et l’insulinémie à jeun, qui semblait augmenter. Quant aux traitements symbiotiques, ils n’entraînaient qu'une augmentation de l'insuline à jeun.

  • Le fait d’utiliser des formulations comportant une ou plusieurs souches ne modifiait pas les observations.

Pourquoi est-ce important ?

Les études décrivant un lien entre obésité, DT2 et microbiote intestinal sont maintenant nombreuses. Ainsi, une dysbiose modifie la production d'acides gras à chaîne courte (AGCC) et celle des lipopolysaccharides, proinflammatoires. Et l'inflammation favorise à son tour la dysbiose, et l'obésité centrale. Les liens entre le tour de taille et le DT2 sont déjà décrits depuis longtemps.

L'administration de prébiotiques, probiotiques ou symbiotiques (combinant les deux approches) a donc été étudiée comme traitement adjuvant de l’obésité chez le sujet atteint de DT2, dans le but de rétablir l'équilibre du microbiote, mais les données acquises jusqu’à présent sont controversées. Par conséquent, des chercheurs mexicains ont conduit une revue de la littérature et méta-analyse pour mieux évaluer l’intérêt de ces différentes approches dans cette population.

Méthodologie

La revue de la littérature sur laquelle se fonde la méta-analyse a conduit à compiler tous les essais cliniques contrôlés randomisés qui ont évalué ces différentes thérapies de la dysbiose versus placebo ou abstention thérapeutique sur le tour de taille des sujets obèses atteints de DT2.

Ainsi, parmi les toutes les études identifiées, qui ont été menées en double aveugle, 9 études (11 comparaisons) ont utilisé des probiotiques, dont sept utilisaient plusieurs souches (Lactobacillus, Bifidobacterium, Lactococcus, Propionibacterium, Acetobacter et/ou Streptococcus). Cinq études (7 comparaisons) avaient évalué des prébiotiques, dont trois comportaient plusieurs composés (butyrate, inuline, galacto-oligosaccharides, fructo-oligosaccharides et/ou dextrine). Une seule étude a évalué l’intérêt d’un symbiotique. Aucune étude n’avait un risque élevé de biais. Toutes les études incluses dans cette revue ont duré au moins six semaines.

Principaux résultats

Au total, 19 comparaisons ont permis d’évaluer l’impact de ces approches sur le tour de taille (critère principal d’évaluation), parmi lesquelles seules 2 étaient associées à une diminution significative du tour de taille, et une à une augmentation. Les données poolées de ces études, indépendamment de l’approche, suggèrent bien une diminution significative du tour de taille. L’analyse par type d’approche montre que seuls les probiotiques seraient associés à une diminution significativement le tour de taille (p=0,002). Aucun effet significatif n'a été observé concernant les prébiotiques ou les symbiotiques.

Sur le plan des paramètres biologiques, ces approches visant le microbiote ont été associés à une diminution des taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c), de glycémie à jeun, d’insulinémie à jeun ou de résistance à l'insuline (HOMA-IR). Analysées par type d’approche, ces études suggèrent que les prébiotiques et les probiotiques sont associés à une baisse significative et comparable sur l’HbA1c et la glycémie à jeun. Aucune association n’a été montrée avec les symbiotiques.