Nutrition, activité physique et bien-être psychologique : le regard de NutriNet-Santé sur l’obésité
- Résumé d’article
À retenir
- Les études NutriNet-Santé ont analysé des sujets inhabituels, peu ou pas explorés par la science, permettant de compléter la compréhension des situations d’obésité.
- Il en ressort notamment que la consommation d’aliments ultra-transformés et les comportements d’impulsivité sont associés positivement à l’obésité, alors que des comportements optimistes, respectant les recommandations nutritionnelles françaises ou le fait de manger en pleine conscience sont inversement associés à l’obésité.
Pourquoi est-ce important ?
Le triplement des cas à l’échelle mondiale depuis 1975 amène à parler de « pandémie d’obésité ». En Europe, 23% des adultes étaient obèses en 2016. Et en France, la prévalence est estimée entre 15 et 17%. Une meilleure compréhension des situations d’obésité constitue un levier important pour des actions ciblées.
Depuis 2009, 29 études concernant l’obésité ont été publiées à partir des données de la cohorte NutriNet-Santé. Pour la première fois, des experts des universités de la Sorbonne, de Bobigny et du département de santé publique de l’hôpital Avicenne en ont réalisé une synthèse en s’intéressant aux déterminants et conséquences de l’obésité. Compte tenu des objectifs de la cohorte NutriNet-Santé, une large place est faite à la nutrition et à l’activité physique.
Méthodologie
NutriNet-Santé est une cohorte française en population générale initiée en 2009. Elle est prospective et menée en ligne. En juillet 2022, NutriNet-Santé comptait plus de 173.000 inscriptions et le recrutement de nouveaux participants était toujours ouvert. Parmi les 29 études incluses dans cette analyse, 5 ont investigué les conséquences de l’obésité, 23 ses déterminants, et 1 son rôle médiateur. Les tailles d’échantillon allaient de 6.352 à 110.260 participants. Les modèles de régression logistique utilisés pour les études transversales étaient systématiquement ajustés au sexe, à l’âge, au niveau d’étude (indicateur du statut socio-économique). Et trois ont été en plus ajustés au suivi d’un régime visant à perdre du poids. D’autres ajustements ont pu être réalisés en fonction des études.
Principaux résultats
Les articles considérés ont été publiés entre 2013 et 2022. Sur les 29 articles, 24% concernaient des études longitudinales avec un suivi moyen qui variait de 2,8 ans à 6 ans. Les participants étaient majoritairement des femmes (>70%) d’âge moyen compris entre 43 et 55 ans selon les études.
Cinq études s’intéressant aux conséquences de l’obésité ont montré une association entre l’augmentation de celle-ci et l’augmentation de la somnolence (volonté de faire la sieste), la migraine, la dyspepsie fonctionnelle et l’insomnie chronique chez les femmes. En revanche l’association entre l’obésité et l’insomnie était inversée chez les hommes. Une étude ayant porté sur les petits et gros dormeurs et la variation de poids n’a pas montré d’association avec l’obésité.
Vingt-trois études se sont intéressées aux déterminants de l’obésité. Nombre d’entre elles (69%) ont évalué les comportements alimentaires et la pratique d’une activité physique. Plusieurs déterminants ont été inversement associés à l’obésité : la consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique, l’adhésion au modèle alimentaire français, la planification des repas, l’alimentation intuitive, la pratique de la marche et du vélo. D’autres déterminants avec un impact psychologique ont été négativement associés à l’obésité : l’optimisme, la maîtrise, le fait de manger en pleine conscience, la pratique de techniques psychophysiques (yoga, tai-chi,…).
En revanche, le recours à l’alimentation pour des raisons émotionnelles, la préférence pour des aliments gras et salés, l’impulsivité, le fait de vivre dans un quartier défavorisé de banlieue (Paris ou grandes villes de province) ont été associés positivement à l’obésité.
Sept études bâties sur des schémas prospectifs ont montré que la consommation d’aliments biologiques, le suivi des recommandations nutritionnelles, une alimentation à haut niveau de durabilité, la méthode même de préparation des repas, la préférence d’aliments au goût sucré étaient inversement associés à l’obésité. Alors que la consommation d’aliments ultra-transformés, les préférences pour les produits gras étaient positivement associées à l’obésité.
Principales limitations
La cohorte NutriNet-Santé est axée sur la nutrition, la santé physique et psychologique. De fait, il est possible que les participants soient initialement plus intéressés par ces sujets que la moyenne de la population.
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